Souvent épinglée par la société civile congolaise, la communauté internationale est accusée de se désintéresser de ce conflit dans l'est de la RDC.
Les négociations entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sont toujours dans l'impasse. Le 8 octobre dernier, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a présenté les obstacles à la mise en oeuvre du processus de Luanda, principal dispositif de négociation entre les deux pays.
Dans son allocution devant le Conseil de sécurité, Thérèse Kayikwamba Wagner est revenue sur la question de la neutralisation des FDLR, les Forces de libération du Rwanda, une rébellion opposée au pouvoir de Kigali et présente dans l'est de la RDC.
La ministre a également évoqué la nécessité d'un mécanisme de justice régional, réclamé par le Rwanda, et a critiqué le rejet par ce pays de toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix.
Que fait l'Allemagne dans la résolution du conflit ?
La question des FDLR et du mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda, constitue un obstacle majeur dans la résolution de cette crise.
Ingo Herbert, l'ambassadeur allemand enRDC, insiste pour une sortie de crise par la voie politique. Il salue la médiation et les efforts de l'Angola et met en avant le rôle joué par l'Union européenne.
"En tant qu'Union européenne, nous avons clairement indiqué aux deux parties, en mars dernier, par une déclaration, ce que nous attendions. Et c'est également en ligne avec les autres partenaires africains et internationaux. Cela signifie que nous attendons un retrait des troupes rwandaises et une action du gouvernement congolais contre les FDLR. Il s'agit d'une milice composée en grande partie d'anciens soldats rwandais, des Rwandais qui ont participé au génocide. Pour le Rwanda, c'est aussi la justification de la présence de troupes dans l'est du Congo, surtout dans le Nord-Kivu. Alors que nous, en tant que communauté internationale, disons clairement que la présence de soldats rwandais en si grand nombre est contraire au droit international et à la Charte des Nations unies", précise l'ambassadeur.
Deux poids, deux mesures ?
Le groupe des experts des Nations unies pour la RDC estime que 3.000 à 4.000 soldats rwandais seraient présents dans la province du Nord-Kivu, soit plus que les effectifs du M23 qu'ils soutiennent.
Dans cette crise, l'Allemagne se contente de suivre d'autres pays membres comme la France ou la Belgique et ses intentions dans la région sont floues, estime Ciaran Wrons-Passmann, le directeur général du Réseau oecuménique Afrique Centrale (ÖNZ).
Selon lui, l'Allemagne, très présente au Rwanda, hésite à avoir une position trop critique vis-à-vis de Kigali.
"Ceci devient très clair dans le cas du Rwanda, où l'Allemagne est fort présente à travers son agence de développement et coopère avec le gouvernement dans plusieurs domaines, en sachant que le Rwanda est impliqué dans l'est de la RDC. Et là on se demande comment ceci va ensemble avec une politique orientée vers les valeurs, parce que c'est ce que la ministre des Affaires étrangères (allemande) essaye de propager. Il y a un paradoxe entre ce que l'Allemagne fait et ce que l'Allemagne dit vouloir faire. Cela saute aux yeux dans le cas de la région des Grands lacs."
Jakob Kerstan travaille pour la Fondation Konrad Adenauer à Kinshasa. Il estime quant à lui que l'Allemagne devrait tirer profit de sa réputation dans les deux pays et jouer un rôle de médiateur plus actif dans le conflit qui oppose Kinshasa à Kigali.
Lors d'une adresse à la presse le 17 octobre, la ministre Congolaise des affaires étrangères à préciser qu'"on ne peut pas encore parler d'accord" entre Kinshasa et Kigali après la dernière réunion ministérielle de Luanda.