Au Cameroun, le président du parti d'opposition MRC affirme que la structure en charge de l'organisation des scrutins électoraux est responsable de plusieurs manquements dans la publication des listes électorales provisoires. Maurice Kamto accuse notamment Elections Cameroon (Elecam) de les avoir « amputées » de près de 120 000 électeurs. Il lui demande des explications.
Le sujet est hautement stratégique à un an de la présidentielle prévue, en principe, au mois d'octobre 2025. Selon l'opposant Maurice Kamto, près de 120 000 citoyens camerounais - voire peut-être même plus - ayant fait les démarches pour s'inscrire sur les listes électorales ne trouveront pas leurs noms sur les listes provisoires. La démarche pour contester cette anomalie étant d'abord individuelle, son parti, le MRC, appelle en conséquence de quoi chacun à se déplacer dans les antennes locales d'Elecam pour vérifier son inscription et, le cas échéant, faire procéder aux corrections nécessaires.
Sur le réseau social X, l'opposant déclaré être arrivé en deuxième position à la dernière présidentielle, accuse le directeur général d'Elecam, Erik Essousse, d'avoir écarté des électeurs pour un motif « fallacieux » : l'absence d'empreintes digitales dans certains dossiers. Selon Joseph-Emmanuel Ateba, le secrétaire national à la communication du MRC, il s'agit en effet d'une « absurdité » « puisqu'il faut donner ses empreintes pour s'enrôler ».
« A défaut de revoir le système, que l'on respecte au moins celui qui est en vigueur ! »
Et les accusations du MRC ne s'arrêtent pas là: selon le parti d'opposition, Elecam s'est également rendu coupable d'un autre manquement, à savoir un retard dans les délais de publication des listes électorales provisoires. Alors qu'elles doivent être publiées chaque année au plus tard le 20 octobre, le MRC affirme que, dans certaines communes, ces listes ne sont toujours pas affichées. « A défaut de revoir le système - comme nous l'exigeons -, que l'on respecte au moins celui qui est en vigueur ! », conclut Joseph-Emmanuel Ateba.
Pour Hilaire Kamga, figure de la société civile et spécialiste des questions électorales, le manque de transparence à différentes étapes du processus et les doutes sur l'indépendance d'Elecam alimentent la défiance des Camerounais à l'égard de la constitution du fichier électoral.