Le géant français de l'uranium annonce la suspension de sa production au Niger à partir du 31 octobre. Mercredi 23 octobre, la porte-parole du groupe a expliqué à l'Agence France Presse que, faute de pouvoir exporter en raison de la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin depuis le putsch de juillet 2023, sa filiale locale, en grandes difficultés financières, allait devoir mettre à l'arrêt le site d'Arlit, dans le nord du pays. Orano évoque une décision « navrante » mais obligatoire.
En raison de l'aggravation des difficultés financières de la Somaïr, sa filiale nigérienne, le groupe français Orano se voit contraint de mettre à l'arrêt le site d'Arlit, dans le nord du Niger, le 31 octobre prochain. La décision a été prise mercredi 23 octobre lors d'un conseil d'administration extraordinaire de l'entreprise auquel les représentants de la société d'État du Niger - qui détient pourtant 37 % de la Somaïr - n'ont pas participé.
Le Niger refuse toujours de rouvrir sa frontière avec le Bénin
En cause : les exportations de l'uranium qu'Orano exploite dans le pays, toujours bloquées sur place depuis le coup d'Etat de juillet 2023. « Malgré tous les efforts déployés pour essayer de débloquer la situation, toutes nos propositions sont restées sans réponse », explique la porte-parole d'Orano à l'AFP. Niamey refuse toujours, en effet, de rouvrir sa frontière avec le Bénin, et les autorités putschistes n'ont répondu à aucune des propositions alternatives faites par l'entreprise. C'est en tout cas ce qu'affirme le groupe, qui se retrouve avec 1050 tonnes de concentré d'uranium en stock pour une valeur marchande estimée à « 300 millions d'euros ».
Depuis le coup d'Etat du 26 juillet 2023 au Niger, les relations entre Orano et la junte au pouvoir ont toujours été difficiles : après une première suspension de sa production entre septembre 2023 et février 2024 faute de pouvoir faire venir des intrants chimiques, l'entreprise s'est vu retirer son permis d'exploitation du gisement d'Imouraren en juin dernier, occasionnant pour elle une perte de valeur de 133 millions d'euros au premier semestre. Enfin le mois dernier, le conseil des ministres nigérien a adopté un projet de création d'une nouvelle société d'Etat de l'uranium, sans donner plus de précision à ce stade.