À Maurice, à trois semaines des élections législatives du 10 novembre, une affaire d'écoutes téléphoniques ébranle la classe politique. Des enregistrements publiés anonymement sur les réseaux sociaux révèlent une surveillance généralisée.
Les cibles sont nombreuses : ministres, opposants, avocats, journalistes et même diplomates étrangers. Face à ces révélations embarrassantes, le gouvernement nie toute implication et suggère des manipulations numériques. Cependant, plusieurs personnalités espionnées ont authentifié leurs conversations.
La campagne pour les élections législatives a pris un tournant inattendu. Au lieu des débats habituels entre les deux grands blocs politiques, l'Alliance Lepep dirigé par Pravind Jugnauth et l'Alliance du Changement menée par Navin Ramgoolam, c'est un scandale d'écoutes qui captive l'opinion publique.
La semaine dernière, un mystérieux informateur surnommé « Monsieur Moustache » (Missié Moustas en créole), probablement un ancien initié du système devenu dissident, a publié sur les réseaux sociaux une série d'enregistrements téléphoniques.
Ces écoutes révèlent des conversations privées de nombreuses personnalités : ministres, opposants, avocats, journalistes, hauts responsables de la police et même l'ambassadrice britannique.
Les extraits publiés visent particulièrement à embarrasser le gouvernement et le commissaire de police, Anil Kumar Dip, réputé proche du pouvoir. Dans l'un des enregistrements, le commissaire de police tient des propos discriminatoires envers les catholiques et les musulmans, provoquant notamment l'indignation de l'Église et des associations musulmanes.
À Maurice, les écoutes téléphoniques sont strictement réglementées : elles nécessitent une autorisation judiciaire et ne sont permises que pour lutter contre la criminalité et le terrorisme.
Face au scandale, le commissaire de police et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, insistent qu'il s'agit de fausses voix créées par intelligence artificielle. Cependant, les experts jugent cette explication peu crédible, notamment en raison de la parfaite maîtrise du créole mauricien mêlé de bhojpuri (un dialecte indien parlé à Maurice) dans les enregistrements.
De plus, plusieurs personnes espionnées ont formellement et publiquement reconnu leurs voix et le contexte précis de leurs conversations.