Dakar — Le professeur de médecine interne Mamadou Mourtalla Ka a préconisé, mercredi, à Dakar, l'ajustement des curricula de formation des médecins et l'amélioration des plateaux techniques des hôpitaux en vue d'une bonne prise en charge des maladies de système en Afrique.
Il présentait un exposé sur "les maladies de système en Afrique", dans le cadre des activités de l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS).
"La présentation clinique des maladies systémiques est polymorphe. Ce sont des infections d'un diagnostic extrêmement difficile, et qui demandent des explorations complémentaires parfois, qui n'existent pas au Sénégal", a expliqué M. Ka.
"Il faut continuer à publier, à faire des études pour mieux les connaître et mieux les prendre en charge", a-t-il recommandé.
Les maladies de système sont des maladies diffuses, qui affectent plusieurs organes à la fois. "Cela peut être à la fois le coeur, le poumon, le système nerveux, les articulations..."
Selon Mamadou Mourtalla Ka, ces maladies "sont de mieux en mieux connues, même si au départ on ne les diagnostiquait pas suffisamment, parce que le mode de présentation est souvent inhabituel, atypique et variable".
"Il faut continuer le travail, les études, les formations continues des médecins, mais aussi organiser des séances de formation médicale continues pour attirer l'attention des gens sur ces maladies", préconise-t-il.
M. Ka signale l'existence de plusieurs catégories de maladies de système, dont les auto-immunes et les auto-inflammatoires.
Il précise qu'elles "n'ont pas forcément les mêmes pathogénies, les mêmes origines, les mêmes évolutions". Ces maladies "évoluent par poussée et rémission", a expliqué le professeur de médecine interne.
"Le plus typique, c'est le lupus systémique, une infection qui intéresse huit fois sur 10 la femme et se manifeste par des troubles divers pouvant commencer par les articulations, des signes dermatologiques..."
Cette maladie entraîner "des manifestations cardiaques, pulmonaires, rénales et du système nerveux", a poursuivi M. Ka.
Selon lui, les maladies de système sont désormais mieux diagnostiquées qu'auparavant. "Il y a de plus en plus de spécialistes d'organes et de spécialistes de médecine interne qui s'en occupent, et donc ça va mieux par rapport à ce qu'on avait."
Mamadou Mourtalla Ka fait toutefois observer que "les hypothèses sont variables quant aux causes de ces maladies de système". "C'est un dysfonctionnement immunitaire, il y a des facteurs génétiques, des facteurs environnementaux qui contribuent à ces pathologies-là", a-t-il dit.
M. Ka ajoute que les symptômes des maladies de système "sont polymorphes : une affection cardiaque, une affection articulaire, cutanée, un accident vasculaire cérébral, des troubles de la grossesse, etc."
"Il faut pouvoir tout mettre dans un contexte, analyser les situations et, à partir de cela, arriver à approcher le diagnostic, le confirmer et commencer sans délai le traitement", a-t-il recommandé.