Le 22 janvier 2025. C'est la date à laquelle la motion de remise en liberté de Vinesh Reetun, accusé de trafic de drogue d'une valeur de Rs 22 millions, sera appelée devant la magistrate Zeenat Cassamally de la Bail and Remand Court (BRC).
Dans le cas présent, il ressort du témoignage de l'enquêteur Collas que 1 480,11 grammes de cannabinoïdes synthétiques, d'une valeur de Rs 22 201 650, avaient été récupérés à partir d'un colis envoyé par une société allemande à un certain Ashley Hurkoo via les services de messagerie DHL, une entreprise locale. Un numéro de téléphone avait été utilisé pour contacter DHL afin d'obtenir la livraison du colis à Flic-en-Flac et, le 8 décembre 2023, lors d'un exercice de contrôle de livraison, le requérant avait tenté de s'enfuir avec deux autres suspects, laissant tomber un pistolet chargé, avant d'être arrêté.
En cour, le représentant de l'Anti Drug and Smuggling Unit a confirmé que le suspect avait enregistré une plainte contre un Sub-Inspector (SI) à l'Independent Police Complaints Commission et que ce même SI fait partie de l'équipe d'enquête dans la présente affaire. Il a déclaré qu'il ne savait pas si le SI en question enquêtait sur la précédente affaire de trafic de drogue intentée contre le requérant, qui avait été radiée parce que le rapport médico-légal était négatif, ni si ce dernier avait déposé une demande de dommages et intérêts en 2020.
Le demandeur a témoigné qu'il s'agissait d'une affaire de planting. Il réclame des dommages et intérêts de Rs 30 millions au policier et à l'État pour sa détention de 426 jours et celle de ses parents. «À la suite de la radiation d'une accusation portée contre moi en 2018, étant donné que le rapport du laboratoire médico-légal (FSL) avait été révélé négatif, une deuxième accusation provisoire de trafic de drogue avait été déposée contre moi en 2022, où j'ai été libéré sous caution. Et en 2023, j'ai de nouveau été arrêté», a précisé Vinesh Reetun, qui a retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry.
Aucun rapport de la police
Or, pour la magistrate Zeenat Cassamally, il n'est pas clairement expliqué comment un policier qui est défendeur dans un litige civil en cours, intenté par un plaignant en relation avec une affaire pénale antérieure, pouvait ensuite faire partie d'une enquête menée contre ledit plaignant dans une affaire pénale ultérieure. «Il va de soi qu'une enquête doit non seulement être équitable, mais qu'elle doit également être perçue comme telle, sans aucune apparence de parti pris», a martelé la magistrate.
Aux fins de la demande de libération sous caution, la cour a noté qu'outre les preuves de complicité à charge, le requérant et les deux autres suspects avaient été retrouvés sur le lieu où devait être effectué l'exercice de contrôle de livraison, à Flic-en-Flac, et qu'un SIM pack avait été sécurisé avec le numéro de téléphone local utilisé pour demander la livraison du colis.
Le rapport médico-légal avait confirmé que le colis contenait des cannabinoïdes synthétiques. «La question de savoir si le demandeur a été piégé par quelqu'un ou non doit être examinée par la cour de première instance après avoir entendu tous les éléments de preuve. Sans examiner le fond de l'affaire, la nature des preuves contre le demandeur semble solide en ce qui concerne le chef d'accusation de trafic de drogue. La même conclusion ne peut être tirée en ce qui concerne les accusations de possession d'une arme à feu et de munitions.» L'enquêteur a admis que les images de vidéosurveillance ne montraient pas le demandeur s'enfuyant ou tenant une arme.
La magistrate Zeenat Cassamally a ajouté qu'alors que près de 11 mois s'étaient écoulés, aucun agent ne s'était rendu à l'étranger pour suivre le colis DHL et aucun rapport n'avait été reçu d'Interpol. «Par ailleurs, il convient de noter qu'aucun rapport informatique de la police n'est disponible, alors que près de 11 mois se sont écoulés et qu'aucun autre suspect n'a été arrêté, même si les preuves au dossier montrent que le colis a été envoyé par une société allemande à un destinataire mauricien. Il n'est donc pas établi qu'il existe un risque sérieux d'interférence avec des témoins ou des suspects», a-t-elle poursuivi.
Comme il n'y a aucune indication quand exactement le principal suspect sera jugé, étant donné qu'aucun rapport informatique de la police n'était prêt et qu'aucune demande d'ordonnance du juge n'avait encore été déposée, la magistrate a ordonné la libération de Vinesh Reetun en janvier 2025 contre deux cautions de Rs 300 000.