La lutte contre le sida n'est plus une priorité mondiale. Madagascar enregistre un gap de financement important.
Limités. Les villes bénéficiaires des activités de prévention du VIH/sida ont diminué depuis cette année. Ces activités sont concentrées dans les grandes villes et dans trente-huit districts. « Depuis le 1er janvier, le financement du Fonds mondial dans la lutte contre le sida a doublé, pour Madagascar, par rapport aux trois années précédentes. Mais les zones d'intervention ont baissé. Nous intervenons principalement dans les villes à haut risque », indique un responsable d'une organisation travaillant dans le domaine de la prévention du VIH, hier, dans le cadre de la 20e édition du Colloque du VIH/Sida dans l'océan Indien qui se tient à Ivato du 22 au 24 octobre.
Non seulement le nombre de villes d'intervention a diminué, mais une grande partie de la population n'a toujours pas accès aux préservatifs et aux tests de dépistage. Ces intrants sont limités aux populations clés, à savoir les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, et les usagers de drogues par injection et leurs partenaires. Dans les trente-huit districts, l'accès à ces intrants de prévention est encore plus restreint. Seules les femmes enceintes et les personnes malades dont le test de dépistage a été prescrit par un personnel soignant y ont accès.
Gap de financement
Madagascar n'est pas le seul pays où les grandes villes sont prioritaires dans la lutte contre le VIH/sida, face à la forte augmentation de la population urbaine et au fait que les villes abritent une proportion importante et croissante de personnes vivant avec le VIH. En outre, concentrer les activités sur les populations clés permettrait de contenir rapidement cette maladie hautement transmissible. Cependant, même ces populations à risque ne bénéficient pas constamment des moyens de prévention et de dépistage.
Les résultats de l'observatoire et de l'enquête menée entre le 15 mars et le 14 septembre 2023 révèlent « la disponibilité non permanente et non équitable de préservatifs et de seringues », et la « rupture répétitive d'intrants de dépistage ». Tout cela à cause du gap de financement dans la lutte contre le sida. « On manque de financement », a noté le représentant du Fonds mondial, Michael Byrne, mardi, lors de l'ouverture de cet événement régional. Cette fondation est le principal bailleur des activités de lutte contre le sida pour Madagascar.
Depuis 2003, elle a investi plus de 600 millions de dollars dans la lutte contre le sida pour Madagascar, principalement, mais aussi pour Maurice et les Comores. Malgré cet important financement, Madagascar manque toujours de moyens pour endiguer le sida. Avec ce gap, toute la population n'est pas informée sur le VIH et certaines personnes ne sont pas dépistées. « L'État doit mobiliser des ressources pour réussir la lutte contre le sida », note le Dr Ravelohanta, coordinatrice de l'organisation Ainga/Aides qui lutte contre le sida.
Le ministère de la Santé publique note la disponibilité de ces intrants dans tout Madagascar et que c'est la vente des intrants gratuits dans les formations sanitaires qui est la principale cause de la rupture successive. Le ministère chasserait les auteurs de ces « vols ».