Comme toutes les années paires depuis 1990, le site du Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO) connaitra, à compter de ce 25 octobre et ce, jusqu'au 3 novembre 2024, une ambiance bouillante avec la présence dans la capitale du « pays des Hommes intègres », de plusieurs milliers d'exposants, de visiteurs et d'acheteurs professionnels venus de tous les continents.
Cette année encore, le plus grand salon dédié à l'artisanat africain, se déroulera dans un contexte de crise sécuritaire. Mais contrairement aux éditions de 2014 et de 2020 qui ont été annulées parce qu'elles n'ont pas échappé aux dures lois des pandémies d'Ebola et du coronavirus, les autorités de la Transition ont décidé de maintenir, malgré cette crise sécuritaire, celle de cette année, en prenant évidemment des mesures drastiques de sécurité avec le déploiement sur le site, d'un nombre incalculable d'agents des Forces de défense et de sécurité (FDS).
Dans un pays presqu'entièrement peint en rouge par certaines chancelleries occidentales et où la situation sécuritaire continuerait de s'aggraver à la fois en termes d'ampleur et de gravité, organiser concomitamment le SIAO et le Tour du Faso comme c'est le cas, cette année, relève d'une véritable gageure.
Mais au regard de l'effervescence constatée en amont, de ces deux événements phares de la culture et du sport au Burkina Faso, on peut dire que le défi sera relevé, même s'il faudra, pour cela, garder l'oeil ouvert pendant cette semaine festive, en raison de la persistance d'attaques terroristes qui nous rappellent sporadiquement la fragilité de la situation, malgré un calme relatif sur bon nombre de fronts.
Le SIAO est l'une des mamelles de l'économie nationale
En 2022, les terroristes avaient réussi à mettre le vélo au régime sans...selle. Mais la 35e édition qui débute ce matin, est maintenue et parcourra 10 régions sur les 13 que compte le pays, comme pour démontrer à ceux qui en doutent encore que la situation sécuritaire n'est pas hors de contrôle comme le clament les bouches fendues au mauvais endroit.
Mais bien plus que la volonté manifeste des autorités de démontrer que les Burkinabè sont résilients, et que le pays reste debout et fréquentable, il ne faudrait pas oublier que le SIAO est l'une des mamelles de l'économie nationale, que l'artisanat est le deuxième pourvoyeur d'emplois après l'agriculture, et qu'il occupe près de deux millions de personnes qui contribuent au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 30%.
Quant à la petite reine (le vélo), même s'il est difficile de faire le point sur ses enjeux et retombées économiques, il faut dire que le jeu en vaut la chandelle, ne serait-ce qu'à cause de l'ambiance conviviale que la compétition suscite, et du coup publicitaire énorme pour le pays. Pour cette édition, qui voit la participation, cette fois-ci, de l'allié russe et qui fait des deux autres pays de l'Alliance des Etats du sahel (Mali, Niger) des invités d'honneur, le plus grand dividende que le Burkina Faso espère en tirer, est de se succéder à lui-même sur le podium du maillot jaune.
C'est possible, et cette épreuve sportive dans laquelle endurance, détermination et mental d'acier sont les clés de voûte pour la victoire finale pourrait, tout comme la 17e édition du SIAO en cours, redonner confiance aux partenaires encore sceptiques.