Congo-Kinshasa: Des précisions de la présidence sur le projet de révision constitutionnelle, l'opposition proteste

Mercredi soir, en déplacement à Kisangani, le président de la RDC, Félix Tshisekedi s'est exprimé sur le projet de modification de la constitution soutenu par son parti, l'UDPS.

Le président a parlé d'un texte « dépassé » et annoncé l'ouverture de travaux l'an prochain en vue d'une modification du texte fondamental. Le projet suscite de vives réactions, notamment de l'opposition et d'une partie de la société civile, qui accusent le président Tshisekedi de chercher à s'éterniser au pouvoir. Alors, jusqu'où le président Félix Tshisekedi est-il prêt à aller avec cette initiative.

La porte-parole de Félix Tshisekedi, Tina Salama, a donné quelques éclaircissements et précise que le président signera une ordonnance qui définira les missions, l'objet et l'ampleur de cette révision constitutionnelle, ainsi que la composition de la commission, qui planchera en 2025 sur le projet.

Le chef de l'État parle d'un texte « dépassé » et une question est dans tous les esprits. Celle de la limitation du nombre de mandats. Depuis plusieurs semaines, l'opposition et la société civile mettent en garde le président contre toute tentative de s'accrocher au pouvoir.

Ce que Prince Epenge, porte-parole de la plateforme d'opposition Lamuka, réaffirme : « En dépit de la guerre d'agression qui déchire l'est de notre pays, de l'extrême pauvreté qui étouffé des millions de Congolais, du chômage de masse et des détournements de millions si ce n'est de milliards de dollars, M. Tshisekedi fait du changement de la Constitution sa priorité au détriment des vraies questions prioritaires auxquelles il faut donner solution [...]. Le peuple avait dit non à la modification ou au changement de la Constitution sous Joseph Kabila. Le peuple est prêt à dire non sous Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo. »

Préoccupation de la Cenco

Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco) se dit confiant, pour l'instant il ne s'agit que d'un projet. Il ajoute qu'en juin, lors d'une rencontre avec le chef de l'État, les évêques l'ont prié d'être prudent, et que le chef de l'État a répondu positivement. Lors de cette réunion, « le chef de l'État a très bien réagi en disant d'abord que ce n'était pas une question pressante, explique le religieux. Il est même allé plus loin en disant que dans le contexte sociopolitique actuel, ce ne serait pas indiqué. Et puis, il a aussi ajouté qu'il n'a pas l'intention de s'éterniser au pouvoir. Mais entendre les discours des ténors de sa famille politique et l'évolution de la chose, c'est un peu préoccupant. »

À l'heure actuelle, l'article 220 de la Constitution prévoit qu'un président congolais ne peut pas effectuer plus de deux mandats de cinq ans. Cet article est dit « verrouillé », il n'a d'ailleurs pas été modifié lors des précédentes révisions sous la présidence de Joseph Kabila. Une modification sur ce point nécessiterait un changement de la constitution et pas une simple révision. Pour la porte-parole de la présidence, il faut attendre les conclusions de la commission pour se prononcer.

Vers un référendum ?

À Kisangani, sur ce point de la limitation des mandats présidentiels, Félix Tshisekedi a laissé entendre que cela dépendrait de la volonté du peuple. Peut-on donc envisager un référendum pour changer cette constitution ? Le cas échéant, oui, a confirmé Tina Salama. Pour l'instant, rien n'est encore arrêté et le projet reste ouvert à de nombreuses options.

Pour les soutiens du chef de l'État, c'est une très bonne chose, son parti l'UDPS avait d'ailleurs lancé une campagne en faveur d'une révision de la loi fondamentale. Pour un des ténors du parti, le député Eteni Longondo, le texte actuel ne garantit pas la souveraineté du pays, quant à la question du troisième mandat, ce sera au peuple de trancher : « La Constitution était écrite dans une période de guerre, pendant que la nation congolaise était plus ou moins faible et qu'il fallait qu'elle accepte certaines choses au détriment de Congolais. Alors maintenant, nous pensons que nous sommes devenus forts et nous devons écrire une constitution qui donne aux Congolais la souveraineté de sa terre. Si le peuple congolais nous demande d'ajouter des années dans un mandat, par exemple de 5 à 7 ou de 5 à 9, là, c'est le peuple congolais. Mais pour le moment, nous n'en discutons pas. »

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