Un contrat de construction ougandais pourrait donner l'impulsion nécessaire pour que la Chine accorde un financement supplémentaire à un projet ferroviaire au Kenya qui est au point mort. Lundi dernier, l'Ouganda a attribué à l'entreprise de construction turque Yapi Merkezi le contrat de construction d'un tronçon de 272 km (169 miles) du chemin de fer entre la capitale Kampala et Malaba, à la frontière kenyane, pour un coût de 3 milliards de dollars.
La Chine fait face à plusieurs défis pour se réengager dans le projet ferroviaire kenyan, en particulier après les échecs précédents.
Le principal obstacle est de savoir si l'extension de la ligne de chemin de fer SGR (Standard Gauge Railway, voie ferrée à écartement standard, NDLR) peut réellement générer les bénéfices économiques espérés. La Chine s'était montrée hésitante à financer cette extension, surtout en l'absence d'un engagement de l'Ouganda à connecter son propre réseau ferroviaire. Ce projet de voie ferrée est l'un des fleurons de la nouvelle route de la soie chinoise en Afrique : il doit relier Mombasa, sur la côte, à Nairobi, puis se prolonger jusqu'en Ouganda. Mais il est en panne actuellement à 300 km de la frontière.
Le financement pose aussi un problème. Le Kenya a déjà accumulé une dette importante auprès de la Chine pour les phases précédentes du projet, et emprunter davantage pourrait aggraver les difficultés financières du pays.
De plus, il y a une concurrence croissante en Afrique de l'Est. La Tanzanie progresse avec son propre chemin de fer électrifié, ce qui pourrait rendre la position du Kenya moins stratégique pour la Chine. Si le réseau tanzanien semble plus prometteur pour connecter des pays comme le Rwanda, le Burundi et la RDC, Pékin pourrait revoir ses priorités.
Pour convaincre la Chine de revenir, le Kenya et l'Ouganda devront montrer une coordination régionale, trouver de nouvelles sources de financement et prouver la viabilité économique du projet.