La Commission de l'Océan Indien déploie depuis 2023 un projet de grande envergure qui vise à soutenir les industries culturelles et créatives de cinq pays membres de la COI, à savoir Les Comores, Les Seychelles, Maurice, Le Mozambique et Madagascar, et exceptionnellement La Réunion. Ce projet qui sera exécuté sur cinq années, jusqu'en 2027, est financé par l'Agence Française de Développement à hauteur de 5,2 millions d'euros. Il se déploie à travers quatre composantes, qui favorisent prioritairement les femmes, parce que ces dernières sont fortement défavorisées dans le secteur des industries créatives, selon les explications de Juliette Janin, chargée de mission de la coopération culturelle au sein de la COI, actuellement de passage à Madagascar.
Valorisation du patrimoine
La première composante concerne la valorisation du patrimoine de chaque pays, à travers un inventaire des architectures traditionnelles, par des experts locaux préalablement formés par un expert de la COI, à cet effet. Son objectif est d'aider chaque pays à mieux valoriser le tourisme culturel et à faire classer plus aisément son patrimoine par l'UNESCO. Trois experts malgaches ont été dotés de tablettes aptes à scanner les bâtiments architecturaux après leur formation depuis le début du projet. Par ailleurs, 19 opérateurs culturels ont produit des podcasts sur le patrimoine matériel et immatériel de Madagascar après un appel à projet. Ces podcasts sont diffusés sur le site Kiltir.org, la plateforme du projet mais également sur la plateforme Moozik.
Appui à l'entrepreneuriat
Un appui à l'entrepreneuriat féminin est également déployé. Il est destiné à encourager les femmes à entreprendre dans le secteur culturel, notamment à travers différentes aides et formations (sur l'égalité des genres, en management culturel, en muséographie ou dans d'autres métiers techniques du secteur, entre autres...).
Plaidoyer
Pour des changements effectifs et durables, le projet prévoit également une composante « plaidoyer » dans le but d'interpeller les États et les inciter à opérer des changements en faveur du secteur des industries culturelles et créatives dans les politiques publiques, de sorte que ces dernières soient considérées comme secteur porteur viable comme tout autre secteur économique, à terme.
Bourses
Enfin, le projet prévoit l'octroi de bourses et d'aides financières qui permettent aux artistes des pays bénéficiaires de participer à des événements internationaux, à suivre des études approfondies ou à réaliser leurs propres événements. La Compagnie Zolobe figure parmi les bénéficiaires malgaches de cette aide pour la réalisation de son festival intitulé Zegny'Zo par exemple.
Parmi ces aides, figurent également le soutien aux oeuvres numériques ou encore le fonds de co-création pour permettre aux artistes et opérateurs culturels de différents pays bénéficiaires de réaliser des projets communs.
Les Malgaches, de plus en plus investis dans la culture
En un an et demi d'activités, 210 dossiers de candidature ont été reçus à travers les différents appels à projets. 33% de ces candidatures viennent de Madagascar. Par ailleurs, sur 16 bourses d'études attribuées, 4 bénéficiaires sont Malgaches.
D'autres appels à projets sont encore ouverts dans le cadre de ce projet, d'autant plus qu'une augmentation des enveloppes d'aides sera demandée par la commission. Ces appels à projets sont visibles sur le site kiltir.org.
En marge de toutes ces opportunités, kilitr.org est aussi une plateforme collaborative, sur laquelle les opérateurs artistiques peuvent s'inscrire et promouvoir leurs oeuvres et événements. À terme, le site compte mettre à disposition un répertoire conséquent d'artistes, issus de différents domaines culturels, et de différents pays. Ces initiatives de la COI tendent toutes à faire de la culture un vrai secteur économique qui promeut les talents des artistes et les différents métiers de ce secteur.