Sénégal: Le livre d'une historienne sur la Casamance fait polémique

Au Sénégal, la polémique enfle autour de la parution du livre de l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto sur la Casamance. L'ouvrage devait être présenté samedi pour une séance de dédicace, qui a été finalement annulée par la librairie à la suite d'une controverse alimentée notamment par l'Alliance pour la République, ex-parti au pouvoir.

Intitulé « L'idée de la Casamance autonome - Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal », l'ouvrage de Séverine Awenengo Dalberto (publié chez Karthala) serait « dangereux » pour l'unité nationale et « remet en question les acquis » sur la paix en Casamance, selon l'ex-parti au pouvoir, l'Alliance pour la République.

Une attaque injustifiée envers un travail d'historien nécessaire, s'insurge l'universitaire sénégalais Ibrahima Thioub, pour qui parler d'autonomie ne devrait pas être tabou. « Les projets d'autonomie ont existé et alimenté des imaginaires un peu partout en Afrique. Ces projets qui ne sont pas advenus ont laissé des traces dans les mémoires et les historiens doivent y travailler », expose-t-il, au micro de Welly Diallo, de la rédaction Afrique

Un rapport « instrumental » entre le monde universitaire et politique

L'État sénégalais rejette l'autonomie de la Casamance, sujet sensible dans le pays. La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, souffre d'ailleurs encore économiquement des conséquences des combats séparatistes des années 1990.

Derrière cette nouvelle polémique, l'historien décèle une divergence profonde entre universitaire et politique. « Ce rapport que nos autorités politiques ont avec l'université, un rapport instrumental, de manipulation, de mise en discipline, ça ne sert à rien, ça ne sert pas nos pays », déplore-t-il.

Début octobre, un plan national de relance a été annoncé par Ousmane Sonko, Premier ministre et ancien maire de la capitale de la région. L'objectif : encourager le retour des personnes déplacées depuis les combats séparatistes des années 1990.

Un précédent ouvrage d'un autre chercheur français, Jean-Claude Marut (« Le conflit de Casamance - Ce que disent les armes », Karthala), avait été interdit en 2010.

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