Tunisie: Limiter l'augmentation de la température à 1,5°C est possible mais dépend d'un effort mondial massif (Rapport)

Tunis — Les nations doivent s'engager collectivement à réduire de 42 % leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre d'ici 2030 et de 57 % d'ici 2035 dans la prochaine série de contributions déterminées au niveau national (CDN). Ces engagements devraient être soutenus par une action rapide, sinon l'objectif de 1,5 °C de l'Accord de Paris aura disparu en quelques années, prévient un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), rendu public, jeudi, 24 octobre, à Nairobi au Kenya.

Ce rapport sur l'écart des émissions en 2024, intitulé "No more hot air.... please!", constate que si l'on n'augmente pas l'ambition de ces nouvelles CDN et que l'on ne commence pas à les mettre en oeuvre immédiatement, le monde s'acheminera vers une augmentation de la température de 2,6 à 3,1 °C au cours de ce siècle. "Cela aurait des conséquences débilitantes pour les populations, la planète et les économies".

La mise en oeuvre des seules CDN inconditionnelles actuelles entraînerait un réchauffement de 2,8 °C. La poursuite des politiques actuelles entraînerait un réchauffement de 3,1 °C. Dans ces scénarios, qui ont tous une probabilité de plus de 66 %, les températures continueraient à augmenter au cours du siècle prochain, indique le rapport du PNUE.

L'ajout d'engagements nets de zéro à la mise en oeuvre intégrale des CDN inconditionnels et conditionnels pourrait limiter le réchauffement de la planète à 1,9 °C, mais la confiance dans la mise en oeuvre de ces engagements nets de zéro est faible à l'heure actuelle.

"L'écart d'émissions n'est pas une notion abstraite", a déclaré António Guterres, secrétaire général de l'ONU, dans un message vidéo sur le rapport. "Il existe un lien direct entre l'augmentation des émissions et les catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et intenses. Partout dans le monde, les populations en paient le prix fort".

Des émissions record se traduisent par des températures de la mer record, qui donnent lieu à des ouragans monstrueux, une chaleur record transforme les forêts en poudrières et les villes en saunas, des pluies record provoquent des inondations bibliques.

"Le rapport sur le déficit d'émissions publié jeudi est clair : nous jouons avec le feu, mais il n'est plus possible de jouer avec le temps. Nous n'avons plus le temps. Combler le fossé des émissions signifie combler le fossé de l'ambition, le fossé de la mise en oeuvre et le fossé du financement. À partir de la COP29", lance encore Guterres.

Le rapport souligne également, les conséquences d'une action tardive. Les réductions requises sont relatives aux niveaux de 2019, mais les émissions de gaz à effet de serre ont depuis augmenté pour atteindre un niveau record de 57,1 gigatonnes d'équivalent dioxyde de carbone en 2023. Bien que cela ne fasse qu'une différence marginale par rapport aux réductions globales requises entre 2019 et 2030, le retard dans l'action signifie qu'il faut réduire les émissions de 7,5 % par an jusqu'en 2035 pour 1,5 °C, et de 4 % pour 2 °C. L'ampleur des réductions annuelles nécessaires augmentera avec chaque année de retard.

Le rapport montre, dans son ensemble, qu'il est techniquement possible de réduire les émissions en 2030 jusqu'à 31 gigatonnes d'équivalent CO2, ce qui représente environ 52 % des émissions en 2023 - et 41 gigatonnes en 2035. Cela permettrait de combler l'écart de 1,5°C pour les deux années, à un coût inférieur à 200 dollars par tonne d'équivalent CO2.

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