Afrique: Les Brics, des briques?

analyse

De cinq membres à l'origine, le groupe Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) a enregistré de nouveaux adhérents lors de son forum de l'année dernière en Afrique du Sud devenant Brics +. Cinq pays y ont été admis parmi lesquels, en Afrique l'Égypte et l'Éthiopie, au Moyen-Orient l'Iran, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite.

La réunion que l'organisation vient de tenir à Kazan, en Fédération de Russie, du 22 au 24 octobre, a montré l'intérêt croissant qu'elle suscite auprès de nombreux Etats. Confirmation donnée par la participation des délégations venues de tous les continents. Force est de constater que la liste des adhérents potentiels s'allonge d'autant plus qu'ils seraient une trentaine à frapper à la porte de cette plateforme. L'exemple de la Turquie est abondamment cité.

Ceci dit, les Brics vont-ils constituer un socle de coopération solide à l'intérieur duquel les intérêts de chaque Etat seront pris en compte et la solidarité de l'ensemble préservée ? C'est le pari auquel tiennent les géants qui le composent, soit dit en passant, ne disposent d'aucun droit de préséance pour éventuellement décider en faveur ou contre un partenaire jugé « indélicat ».

Au niveau des intentions, on peut considérer que les Brics prennent le contrepied de l'autre grand forum, le G7 (Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Canada, France, Japon, Corée du Sud), présenté volontiers comme leur rival immédiat. Les premiers assènent oeuvrer à la multipolarité dans les relations internationales accusant les seconds d'un élitisme qui trahirait à peine leur dessein d'imposer leurs vues.

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Mais il suffit de lire les commentaires de presse autour des assises de Kazan pour se rendre compte du chemin pris par les pays développés et ceux dits émergents de se rendre coup pour coup, alors qu'il serait utile pour l'équilibre du monde de construire des ponts. La présence à ces assises du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, participe sans doute de cette volonté de contourner, peut-être, enjamber les barrières à défaut de les casser tant elles semblent se bétonner.

L'autre question, en forme d'interpellation est de se demander si, comme ils pointent du doigt leurs rivaux potentiels, les Brics n'auraient pas eux aussi l'intention de poser des murs en agglos sur les frontières de la communauté humaine. S'ils sont tentés par un tel projet et le mettent à exécution, ils manqueront l'occasion de fournir la preuve du contraire. Celle d'apporter l'apaisement dans les rapports entre les nations.

Parce que toutes les batailles d'influence qui se déroulent sous nos yeux, si elles tenaient systématiquement compte des souffrances des peuples pris sur les cinq continents, peut-être ne se produiraient-elles pas avec la dureté que l'on déplore. En Afrique, Europe, Amérique, Asie, Océanie, les populations ont besoin de pain et de paix, bien plus que de refus de se parler que des dirigeants assis sur leurs certitudes tendent à perpétuer à leur détriment. Brics ou G7, vite, que l'on dialogue !

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