Les candidats aux élections municipales et communales malgaches du 11 décembre prochains sont très majoritairement des hommes, les femmes ne représentant que 6 % des 5 389 têtes de liste municipales. À Antananarivo, le Conseil national des femmes de Madagascar dispense une formation pour renforcer la place des femmes dans les postes de décision. Au programme, préparation à la campagne et à exercer les fonctions de maire ou de conseillère municipale.
Préparer un budget, prendre une décision par arrêté municipal ou maîtriser les codes de la communication politique. Pendant deux jours, 60 candidates venues de presque toutes les régions de Madagascar ont appris les bases de la gestion d'une commune. La plupart d'entre elles sont novices en politique.
Parmi elles, Marie Rosalie Rahelisoa brigue un mandat de conseillère municipale à la mairie de Morondava, sur la côte ouest de la Grande Ile : « Ce qui était utile pour moi c'était d'apprendre la séparation des tâches entre les conseillers municipaux et les maires. Cela m'a donné des compétences en plus », explique-t-elle. L'avenir du pays dépend de nous. Il faut que nous les femmes nous nous sentions responsables et que nous participions activement à la vie publique, afin de changer la donne. »
Pour Lalà Rasanjison, candidate à la mairie d'Antsirabe, cette formation était également bienvenue. « C'est la première fois que je me présente à la mairie. Il faut savoir dans quoi on s'engage. C'est essentiel que les femmes se présentent, parce que c'est le moyen pour nous d'apporter un changement pour le pays », abonde-t-elle.
« La place des femmes a toujours été considérée comme inférieure à la place des hommes »
Mais les barrières culturelles sont encore nombreuses, estime la présidente du Conseil national des femmes de Madagascar Estelle Andriamasy. Alors, cette formation vise aussi à donner confiance aux femmes candidates et à les convaincre qu'elles sont légitimes.
« Dans la société malgache, la place des femmes a toujours été considérée comme inférieure à la place des hommes. Il n'y a pas vraiment cette culture de parité dans la communauté. La décision appartient aux hommes. La société a des préjugés sur les femmes : elles ne sont pas capables, leur rôle est à la maison, de s'occuper de la famille. C'est quelque part ancré dans les mentalités des femmes », explique-t-elle.
Malgré une progression de la part des femmes dans les postes de décision au cours des dix dernières années, elles restent encore sous-représentées. L'Assemblée nationale, par exemple, ne compte que 27 femmes sur 163 députés.
Pour faire éclore une nouvelle génération de femmes leaders à Madagascar, plusieurs associations, dont le Conseil national des femmes de Madagascar, demandent désormais une loi imposant la parité homme-femme à l'Assemblée nationale et dans les postes de décision de l'administration publique.