Ile Maurice: Candidats aux législatives à 19 et 80 ans...

interview

La commission électorale a publié la liste durant la semaine écoulée des plus jeunes candidats, ainsi que les plus âgés, qui brigueront les suffrages lors des élections générales le 10 novembre. Nous avons interrogé deux d'entre eux.

Rajakreshnan Pillay, 80 ans, candidat au n° 18

«Les prochaines élections sont cruciales pour notre pays»

Frère aîné de Megh Pillay et ami proche de l'ancien ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo, il a été directeur de la Compagnie nationale de transport, a travaillé à la Meat Authority, au Mauritius Standards Bureau, était le président du comité de censure et Managing Director de SIC Management. Il est également le fondateur et le premier propriétaire des journaux Le Défi et Maurice Soir. Il est désormais candidat au no 18, Belle Rose - Quatre Bornes, sous la bannière du Rasambleman Pou Lavansman Moris (RPLM). Entretien avec Rajakreshnan Pillay, 80 ans.

Qu'est-ce qui vous a poussé à être candidat aux législatives?

De par mon parcours, j'ai fondé le Club des étudiants alors que j'étais au Collège Royal de Curepipe. Quand Dev Virahsawmy l'a rejoint, il fut convenu que cela s'appelle le Club des Étudiants Militants, qui est ensuite devenu le Mouvement militant mauricien (MMM). À l'époque, il y avait Sushil Khushiram et ensuite Paul Bérenger s'est joint à nous. Il a travaillé très dur et a pris la direction du mouvement. Nous avions une idéologie qui a aujourd'hui complètement disparu. Je n'ai pas été électoraliste jusqu'à présent, mais les prochaines législatives sont cruciales pour notre pays et les prochaines générations. Je devais trouver une équipe qui puisse correspondre à mes idéologies et je l'ai trouvée au sein du RPLM.

Comment fonctionne ce parti ?

Nous avons 48 candidats au total dans presque toutes les circonscriptions. L'essentiel est de pouvoir servir le peuple. Reconnaître la nécessité du départ du gouvernement MSM est une chose, mais les électeurs ne peuvent pas se contenter d'un autre choix tel que l'Alliance du changement. Le plus grand mal qui existe en politique est le financement des partis. Ils sont tous financés par de grands capitalistes et après les élections, ils ont une première obligation envers eux. Nous finançons nousmêmes les élections et n'avons d'obligation envers personne d'autre que la population. Je veux montrer que les élections peuvent être menées avec seulement Rs 2 500 au lieu de Rs 250 000, sans oriflammes, meetings, briyani et boissons.

Vous vous retrouvez face à Arvin Boolell, Kavy Ramano, Stéphanie Anquetil et Xavier-Luc Duval entre autres, au no 18. Êtes-vous confiant de pouvoir «passer» ?

J'estime que si la population est suffisamment éduquée pour faire le bon choix, elle doit aussi pouvoir choisir ceux qui peuvent réellement travailler dans son intérêt.

Pensez-vous que la population est prête à voter pour des partis alternatifs plutôt que pour des grands partis traditionnels ?

Il n'est pas juste d'éliminer le mal en proposant un moindre mal, il faut élire un parti qui soit bon. Ils ont tous été au pouvoir auparavant et traînent des casseroles. Si vous retirez Pravind Jugnauth de l'équation mais que vous votez pour Navin Ramgoolam, la population va continuer à souffrir pendant les cinq prochaines années. C'est une démocratie et chacun est libre de faire son choix, même d'élire à nouveau le même gouvernement. Mais il y a un prix à payer pour cela.

Justement, s'il s'agit du «Ni Navin, Ni Pravind», pourquoi ne pas avoir rejoint d'autres forces majeures de l'opposition extraparlementaire ?

Le RPLM avait engagé des discussions avec Linion Moris en vue d'une alliance potentielle, mais le problème est que Nando Bhodha et Rama Valayden avaient insisté pour conserver leur poste de Premier ministre. Nous avions entre 10 et 15 candidats éligibles pour ce rôle, et je n'étais pas d'accord pour qu'ils le choisissent de cette façon. Rama Valayden avait proposé de se retirer de la course au poste de Premier ministre, mais Nando Bhodha était inflexible, soutenu par Dev Sunassy. L'alliance n'a pu être conclue parce que je pense que nous devons d'abord nous faire élire, puis nous entendre entre nous sur le choix du Premier ministre. Le Premier ministre actuellement dispose de trop de pouvoirs et cela nuit au pays. Regardez ce qui se passe aujourd'hui, avec les enregistrements de Missie Moustass; tout cela s'est passé parce que Pravind Jugnauth détient trop de pouvoir.

Nombreux sont ceux qui estiment que les petits partis font en réalité le jeu du gouvernement en place en divisant les votes, votre avis ?

C'est faux et mal raisonné. Sous le gouvernement MSM, les gens ont souffert pendant dix ans. Sommes-nous en train de dire qu'à l'exception des deux grands partis, aucun candidat n'est valable, même parmi les indépendants ? Allons essayer.

Vous proposez quoi comme programme ? Pourquoi les électeurs devraient-ils voter pour vous ?

Nous devons travailler sur des projets qui ne font pas de nous un pays mendiant. Ayant occupé le poste de directeur général des Casinos de Maurice, je n'ai jamais accepté que le gouvernement subventionne les casinos. Nous voulions nous tenir sur nos propres pieds, les gérer et payer tous les impôts. Le système de transport à Maurice n'a pas changé. Ils ont construit le métro parce qu'ils touchent une commission dessus, mais les projets qui n'impliquent pas de grosses sommes d'argent ne sont pas réalisés, comme la captation de l'eau ou l'amélioration de la sécurité alimentaire. Nous travaillons sur ces dossiers.

Ayman Nauzeer, 19 ans et candidat au n° 13

«Rester derrière mon écran à critiquer n'apportera aucun changement»

Il a célébré ses 19 ans le 11 septembre. Mais l'adolescent, qui habite la circonscription no 13 (Rivière-des-Anguilles -Souillac) et qui participera pour la première fois au scrutin, est également candidat dans la même circonscription pour le Mouvman Enn Sel Direction. Après avoir terminé sa scolarité à la Doha Secondary School, Ayman Nauzeer étudie actuellement à l'université de Maurice. Il répond à nos questions.

Qu'est-ce qui vous a poussé à être candidat à ce scrutin ?

Vu le niveau de corruption et d'injustice qui règne dans le pays, je pense qu'il vaut mieux être un «bad loser» pendant les élections plutôt qu'un «blind follower». Je pense que le fait de rester derrière un écran et d'afficher son mécontentement sur les réseaux sociaux, comme le font d'autres jeunes, n'apportera aucun changement significatif. C'est pourquoi j'ai décidé de «monter sur scène», en espérant faire plus que me cacher et commenter négativement derrière mon écran. z Et pourquoi avoir opté pour le Mouvman Enn Sel Direction? À 19 ans, il est difficile d'obtenir un ticket. Dans d'autres partis politiques, je serais resté en coulisses alors que ce parti encourage tous les jeunes à participer et leur donne la possibilité d'exprimer leur avis.

Vous vous retrouvez face à des ministres sortants comme Kailesh Jagutpal et Renganaden Padayachy au no 13. Quel est votre état d'esprit ?

Ils n'ont jamais été candidats à 19 ans. De plus, j'ai grandi dans cette circonscription, dans la maison de mon grand-père, je connais donc bien l'endroit mais aussi les défis. Le fléau de la drogue se répand de façon incroyable à travers tout le pays et la circonscription n°13 est très affectée. Les enfants ne s'intéressent plus à l'éducation et préfèrent travailler qu'étudier. Si on m'en donne la possibilité, j'aimerais réaliser des projets tels que la création de centres de désintoxication avec de bons guides spirituels pour aider les toxicomanes. Il est également nécessaire de sensibiliser la population et de mettre en place davantage de structures éducatives.

Vous êtes également électeur pour la première fois. Comment jugez-vous la situation du pays?

Le coût de la vie doit être réduit. Bien que vivant dans un pays «démocratique», les jeunes font l'objet d'une stigmatisation grave et, pour diverses raisons, on les empêche de jouir de leurs droits et de leurs opportunités. Les soi-disant «leaders» ne sont pas disposés à céder leur place pour offrir des opportunités aux jeunes, ce qui entraîne un exode où de jeunes intellectuels préfèrent partir à l'étranger en quête d'un meilleur avenir.

Que peut-on faire selon vous pour améliorer la société mauricienne ?

Il faut la mise en place d'une plateforme pour lutter contre le communalisme et l'introduction de l'étude comparative des religions à l'école pour inculquer le respect et la compréhension mutuels. Les infrastructures, en particulier des lieux comme le bâtiment Emmanuel Anquetil qui abrite les bureaux de l'état civil, doivent être reconceptualisées en raison du manque d'accessibilité pour les personnes en situation de handicap, et de telles infrastructures doivent être étendues à d'autres régions, comme dans ma circonscription. Une pension devrait être accordée aux personnes souffrant d'endométriose. L'Extended Programme au niveau secondaire doit être aboli.

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