le 10 novembre. Plus de 1 002 857 Mauriciens seront alors appelés aux urnes. Mais des craintes émergent quant à la probabilité d'un recul de la démocratie et de l'intégrité du processus électoral. La population exprime des doutes sur la possibilité de corruption qui pourrait entacher les élections. L'intégrité électorale est cruciale, car elle reflète la volonté des électeurs et leur confiance dans le système.
Les Mauriciens souhaitent être rassurés sur le fait que cette intégrité sera maintenue en toutes circonstances. Récemment, plusieurs messages circulant sur les réseaux sociaux mettent en garde contre des tentatives de manipulation des élections. Les leaders de l'Alliance du changement ont rencontré des représentants de la commission électorale la semaine dernière pour exprimer leurs préoccupations.
Il est essentiel que les citoyens aient confiance dans le processus électoral afin de se rendre aux urnes le jour du scrutin. La peur d'une tentative de modification des résultats, une fois les votes exprimés, alimente cette inquiétude. Les préoccupations sont variées : il s'agit notamment de risques de fraudes telles que l'insertion de bulletins de vote préremplis dans les urnes, la modification du décompte des voix ou même la destruction d'urnes pour annuler les votes en faveur de l'opposition.
Ces derniers jours, des allégations de fraude électorale généralisée ont été évoquées. Des vidéos largement partagées en ligne mettent en garde contre l'utilisation de plumes dont l'encre s'effacerait après quelques instants. De plus, des messages incitent les électeurs à remplir les bulletins de vote avec leur propre stylo, plutôt qu'avec celui fourni par la commission électorale.
Les rumeurs concernant la présence d'Israéliens, d'Indiens et même d'Ukrainiens à Maurice ajoutent à l'anxiété ambiante. Navin Ramgoolam, chef de file de l'Alliance du changement, soulève ces inquiétudes à chaque occasion, à chaque rassemblement, meeting et réunion, ayant même eu une rencontre avec la commission électorale à ce sujet. De nombreux internautes se sont exprimés à ce sujet à leur tour, indiquant qu'il ne faudrait pas transporter les urnes et que le décompte des voix devrait se faire le jour même du vote, dans la même école et avec le même personnel. L'un d'eux souligne : «Kouma kapav pa doute kan inn trouv biltin inn drese byen dans boit avek T -Square et kan trouv biltin pe trene dan lanatir.» Mais le décompte des voix ne se fera pas le même jour, a annoncé la commission électorale.
Les questions sur le transport des bulletins au centre de comptage se posent également. Un internaute se demande pourquoi les urnes ne sont pas transportées dans des camions de police. D'autres s'interrogent sur l'absence de caméras dans les centres de comptage, plaidant pour une surveillance continue du processus électoral. «Met kamera ek fer piblik vey bwat depi lor zot telefonn ziska counting», commente l'un d'eux sur lexpress.mu. Des appels à observer rigoureusement le rôle des travailleurs étrangers le jour des élections se font également entendre.
Le bureau du commissaire électoral répond aux questions
Pour apporter des clarifications et tenter d'obtenir des réponses aux questions du public, nous avons sollicité le bureau du commissaire électoral, qui a répondu à nos questions. Voici les informations fournies.
Quelles mesures la commission électorale a prises pour prévenir toute forme de manipulation ou de falsification du processus électoral ?
À l'issue des élections générales de 2019, 12 pétitions électorales avaient été déposées devant la justice. Sept ont été retirées, quatre ont été «dismissed with costs» et la Cour suprême a ordonné un recomptage des votes pour la circonscription no 19 (Stanley-Rose-Hill), mais cela n'a pas changé l'ordre d'arrivée des trois élus de 2019. Parmi les cinq pétitions jugées, la Cour suprême n'a identifié aucune instance de rigging. Toutes les étapes du processus électoral : de la distribution des bulletins de vote dans chaque salle de vote à la récapitulation des résultats à l'issue du décompte des votes en passant par la sécurisation sous scellés des urnes, tout se déroule sous la surveillance ou la participation directe des candidats ou de leurs agents. Les officiers du bureau du commissaire électoral, les Returning Officers et tous les fonctionnaires dont ils ont la charge s'assurent que le processus électoral se déroule selon les meilleures pratiques établies.
Quelles sont les nouvelles réglementations mises en place pour ces élections, particulièrement des changements liés à l'identification des électeurs, à la gestion des bulletins de vote et aux procédures de dépouillement des votes ?
Seules les pièces d'identité physiques - carte d'identité nationale et passeport - seront acceptées dans les bureaux de vote. Les photocopies ou scan de pièce d'identité, le mobile ID ou encore un memo de la police attestant de la perte d'une carte d'identité ne permettront pas à une personne de voter.
Des rumeurs persistantes circulent sur une prétendue ingérence étrangère sous forme d'espionnage, y compris des allégations d'implication d'opérateurs israéliens. La commission pourrait-elle exposer les mesures mises en place pour protéger les élections contre l'influence étrangère ?
Le bureau du commissaire électoral ne souhaite pas commenter des rumeurs.
Le public reste préoccupé par le risque de falsification lors du transport des urnes. Pourriez-vous expliquer les mesures de sécurité mises en place pour garantir la manipulation sécurisée et le transport des bulletins de vote vers et depuis les bureaux de vote ?
Durant les briefings du bureau du commissaire électoral, nous élaborerons sur les différentes étapes de la distribution, du transport et de la sécurisation des bulletins de vote avant, pendant et après le processus électoral.
Y a-t-il de nouveaux protocoles concernant la surveillance des élections ? Y aura-t-il des observateurs indépendants ou des mesures supplémentaires pour garantir la transparence tout au long du processus ?
Comme à chaque élection législative, le bureau du commissaire électoral invite des organisations internationales à déléguer des missions d'observation pour assister au déroulement des scrutins. En 2019, l'Electoral Commissions Forum des pays de la Southern African Development Community (SADC), la SADC, la Commission de l'océan Indien et l'Organisation internationale de la francophonie avaient délégué des équipes d'observateurs. Dans leurs rapports respectifs, ces missions avaient conclu que les scrutins de 2019 s'étaient déroulés de manière libre, équitable et transparente. Pour les élections législatives de 2024, le bureau du commissaire électoral a envoyé de nouvelles invitations à des organisations internationales. Deux d'entre elles ont déjà confirmé leur présence lors du scrutin.
Le «gerrymandering» à travers le redécoupage électoral ?
Le gerrymandering, ou charcutage électoral, est une pratique politique qui suscite de vives inquiétudes sur la santé démocratique d'un pays. Ce terme, dérivé du nom d'Elbridge Gerry, gouverneur du Massachusetts au début du XIXe siècle, désigne le redécoupage des circonscriptions électorales pour favoriser un parti ou un candidat. Ce découpage est souvent perçu comme une manipulation des résultats électoraux, permettant à ceux qui détiennent le pouvoir de maximiser leurs chances de réélection. Le principe du gerrymandering repose sur la capacité des partis au pouvoir à redessiner les frontières des circonscriptions de manière à concentrer le vote des opposants dans un nombre limité de districts. Ce faisant, ils s'assurent de remporter un plus grand nombre de cir- conscriptions par de petites marges.
Des changements notables dans le redécoupage des circonscriptions ont été introduits et ces ajustements pourraient entraîner des conséquences significatives sur les résultats électoraux cette année. Le no 1 a perdu 9 973 électeurs par rapport à 2023, car plusieurs zones, y compris celles près des Line Barracks, sont maintenant incluses dans le no 2. De plus, une partie du no 2, autour de la Citadelle, a été transférée au no 3 (Port-Louis- Maritime-Port-Louis-Est), qui a également récupéré une portion du no 4, incluant une par- tie de Roche-Bois, auparavant rattachée au no 4. Bien que le no 4 perde une portion au profit du no 3, il reçoit plus de 7 500 électeurs, qui auraient voté au no 5 sans ce redécoupage.
Un autre changement significatif se produit au no 14 (Savanne-Rivière-Noire), qui cède les zones de Palma, Bassin et Résidence Kennedy au no 18 (Belle-Rose-Quatre-Bornes), ce qui affecte plus de 15 700 électeurs par rapport à 2023. Par ailleurs, la circonscription no 19 (Stanley/ Rose-Hill) intègre toute la région de St-Patrick, ajoutant ainsi plus de 2 000 électeurs qui auraient voté au no 20, si les élections s'étaient tenues en 2023. Navin Ramgoolam et d'autres politiciens ont maintes préoccupations quant à la publication tardive du rapport sur le redécoupage électoral, suggérant que ces changements surviennent à un moment stratégique, juste avant les élections.