Des économistes indépendants ont fait le calcul. L'application des promesses électorales à caractère économique et social de l'Alliance Lepep, annoncées avant et pendant la campagne électorale, coûtera au plus bas Rs 60 milliards ou plus. Elles devraient être financées, en cas de victoire, par les milliards à être versés par le gouvernement britannique aux autorités mauriciennes pour la location à bail de Diégo Garcia qui abrite la base militaire américaine, suivant l'accord intervenu entre les deux pays portant sur la souveraineté sur les Chagos.
Le montant du loyer n'est pas, pour le moment, connu, tout comme le la date du traité entre le Royaume-Uni et Maurice qui détaillera le calendrier et le mode de financement. En revanche, à en croire le leader de l'Alliance Lepep, Pravind Jugnauth, il devrait être de «plusieurs milliards de roupies» pour financer cette nouvelle série de promesses électorales, dont une bonne partie figure parmi les 17 mesures phares du gouvernement sortant, rendues publiques le 23 octobre.
Les promesses électorales comprennent la hausse de la pension de vieillesse à Rs 20 000, le revenu minimum garanti à Rs 25 000, l'allocation mensuelle de Rs 5 000 aux personnes autrement capables, la gratuité des médicaments sur prescription d'un médecin, le prêtlogement à 0 % d'intérêts pour des jeunes de 18 à 35 ans, l'allocation de Rs 5 000 par mois à chaque enfant âgé entre 0 et 18 ans, l'allocation minimum de Rs 10 000 pour les loyers affectés par des catastrophes naturelles ou encore l'allocation de Rs 2 000 mensuellement aux femmes au foyer, entre autres.
Sur le terrain, c'est la cherté de la vie, la principale préoccupation de la population, qui domine les discours des dirigeants de l'Alliance du changement en attendant la publication, demain, de son manifeste électoral pour prendre connaissance des mesures spécifiques en vue de redonner le pouvoir d'achat à la population. D'ores et déjà, son leader, Navin Ramgoolam, annonce dans la première semaine de la prise du pouvoir, si son alliance remporte les élections, la baisse des prix de l'essence et du diesel et d'une série de produits de consommation courante. Mais aussi l'engagement pour augmenter la pension de vieillesse à Rs 21 500 en janvier 2025, soit un montant supérieur aux Rs 20 000 proposées dans le manifeste de l'Alliance Lepep, encore qu'il serait indexé sur le taux d'inflation chaque année, dit-il.
Stopper la dégringolade
Toutefois, ce sont les mesures à prendre pour stopper la dégringolade de la roupie qui intéressent les ménages. La roupie, on le sait, s'est dépréciée de 30 % vis-à-vis du dollar de 2019 à juin 2024, presque 6 % par année. Idem pour une inflation cumulée du même ordre durant la même période. Une situation qui est venue directement impacter le coût de la vie des ménages au bas de l'échelle, incapables, selon les dirigeants de l'opposition, à joindre les deux bouts. Est-ce que l'Alliance du changement a la solution pour résoudre la problématique de la cherté de la vie ? Oui, répond, Kugan Parapen, économiste, membre de Rezistans ek Alternativ et candidat de l'Alliance du changement au no 1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest-Port-Louis-Ouest).
«Il faut mettre fin à la spéculation sur la roupie par les agents économiques et certains opérateurs. Il va de soi que la Banque de Maurice aura un rôle clé à jouer. Il faut qu'elle talk big and act big pour convaincre les agents de cesser cette spéculation qui est en train de nuire à la confiance que notre monnaie locale aurait dû susciter auprès des stakeholders», confiait-il dans une interview à l'express la semaine dernière. Et d'ajouter: «Si on arrivait sur la base de la structure existante à limiter la dépréciation de 2 % à 3 % par an, ce serait un grand pas dans la bonne direction.»
L'Alliance Lepep rétorque que c'est une fausse perception et énumère les différentes mesures prises durant les cinq dernières années pour augmenter le pouvoir d'achat de la population, cela, afin de contrer la cherté de la vie. Pravind Jugnauth tout son ministre des Finances, Renganaden Padayachy, arguent dans les meetings et autres congrès nocturnes qu'«un couple au revenu minimum avec deux enfants en bas âge et deux grands-parents à la retraite peut toucher plus de Rs 70 000 par mois». Ils rappellent la maîtrise de l'inflation à 3,5 % en 2024 et, parallèlement à l'augmentation des pensions et du salaire minimum, l'introduction de diverses allocations et la réforme de la taxation.
Doit-on s'attendre à d'autres mesures électoralistes à la veille des élections ? Rien n'est exclu dans l'entourage de Pravind Jugnauth qui pourrait proposer d'autres cadeaux électoraux sur les fronts économique et social pour soulager les économiquement faibles.