Nando Bodha, un des dirigeants de Linion Reform et présenté comme prochain Premier ministre en alternance avec Roshi Bhadain en cas de victoire, a récemment rappelé que c'est pour la première fois que trois grandes alliances s'affrontent lors d'un scrutin national. Il n'a pas tout à fait tort car, dans le passé, trois principaux partis politiques, et non de grandes alliances, se sont affrontés.
D'abord, en 1976, le Parti travailliste (PTr) de sir Seewoosagur Ramgoolam, le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) de Gaëtan Duval et le Mouvement militant mauricien (MMM) du tandem sir Anerood Jugnauth-Paul Bérenger se sont opposés. Résultat : 30 sièges pour le MMM, 25 pour le PTr et sept pour le PMSD, y compris les deux sièges de Rodrigues. C'est alors une coalition PTr-PMSD, avec 32 sièges sur 60, excluant les best losers, qui a dirigé le pays.
Aux dernières élections générales, trois principaux partis ont décidé de participer au scrutin séparément. Le PTr avec le PMSD, le MMM et le Mouvement socialiste militant (MSM), et de petits alliés se sont affrontés. Résultat : 38 sièges pour le MSM, 14 pour le PTr-PMSD et huit pour le MMM. Sinon, pour les autres élections générales (entre 1976 et 2019), les 60 sièges ont été partagés entre deux blocs seulement.
Pourra-t-elle faire élire un candidat ?
Pour les élections du 10 novembre, Linion Reform se présente comme une troisième force. A-t-elle ses chances de faire élire même un candidat ? Pour l'observateur politique, Yvan Martial, avec l'actuel système électoral de First Past The Post, il est difficile pour une troisième force d'affronter les deux grands blocs. Il rappelle que l'Union démocratique mauricienne de Guy Ollivry était dans l'opposition avant les élections de 1976, mais ce parti, qui pourtant avait de très bons candidats, n'avait pu faire élire aucun des siens au scrutin de décembre 1976.
Que pourra-t-il se passer au prochain scrutin ? «Ce serait souhaitable et sain pour la démocratie qu'il y ait des élus de Linion Reform. Mais une chose est certaine, certains candidats grignoteront des voix de l'opposition. Est-ce que ce sera suffisant pour faire pencher la balance en faveur d'un candidat de l'Alliance Lepep ? Une question que je pose et ce sont ceux qui sont sur le terrain comme vous, les journalistes, qui pourront répondre à une telle interrogation.»
L'autre observateur politique, Jocelyn Chan Low, estime que Roshi Bhadain est celui qui a les meilleures chances si jamais il y a un élu autre que des deux grandes alliances. Il explique son raisonnement du fait que dans la circonscription n°20 (Beau-Bassin-Petite-Rivière), le PTr n'aligne aucun candidat. «Donc, je me demande si Roshi Bhadain pourrait obtenir des voix de sympathie de la part des votants rouges.»
Dans la circonscription n°19 (Stanley- Rose-Hill), Patrick Belcourt pourrait jouer les trouble-fêtes, selon notre interlocuteur. Mais il se demande si ce sera suffisant pour faire tomber un candidat de l'Alliance du changement. Il cite aussi le fait que Rama Valayden est candidat dans cette circonscription et pense que son apport ne sera pas négligeable. Par contre, pour Nando Bodha, la situation semble être compliquée, car Jocelyn Chan Low estime que ce dernier bénéficiera beaucoup plus des votes des déçus du MSM.
Il fera un bon score, selon lui, mais de là prétendre à être élu, ce ne sera pas facile. Il est bon de rappeler qu'outre ces trois anciens ministres (Roshi Bhadain, Nando Bodha et Rama Valayden), deux anciens députés, Jean-Claude Barbier et Bashir Jahangeer, sont sur la liste des candidats de Linon Reform.
Pour rappel, Roshi Bhadain avait obtenu 6 928 voix au n°20, se classant à la huitième place. Franco Quirin, classé troisième, avait obtenu 10 455 voix, après Rajesh Bhagwan et Karen Foo Kune. Le candidat du tandem PTr-PMSD, Guito Lepoigneur, classé à la septième place, avait eu 7 574 voix. Avec le duo PTr-MMM cette fois-ci, Roshi Bhadain pourra-t-il faire mieux pour se retrouver dans le trio de tête ?
Une tâche compliquée car, comme l'a si bien dit Ashok Subron, pour se faire élire avec l'actuel système électoral, il faut se retrouver dans un de deux grands blocs. Sans doute, il en sait quelque chose car, après avoir prêché dans le désert pendant plus de 30 ans pour obtenir un siège au Parlement, il a choisi l'une des deux grandes alliances. Le 11 novembre, on saura s'il a eu raison.