Afrique: Entreprendre et réussir - Les enseignements de Stanilas Zézé, PDG de Bloomfied Investment Corporation

28 Octobre 2024

Le Président Directeur Général (PDG) de Bloomfied Investment Corporation, Stanislas Zézé, ou « l'homme aux chaussettes rouges » a organisé, en partenariat avec IFG-Afrique, et le Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB), une conférence sur le thème : « comment entreprendre et réussir », au profit de jeunes entrepreneurs du Burkina, le samedi 26 octobre 2024, à Ouagadougou.

Le Président Directeur Général (PDG) de Bloomfied Investment Corporation, Stanislas Zézé, ou « l'homme aux chaussettes rouges », veut donner aux jeunes burkinabè les bagages nécessaires pour mieux réussir leurs projets d'entrepreneuriat. Dans cet objectif, il a organisé, en partenariat avec IFG-Afrique et le Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB), une conférence, sur le thème : « comment entreprendre et réussir », à leur profit, le samedi 26 octobre, à Ouagadougou.

D'entrée de jeu, l'entrepreneur et investisseur ivoirien a rappelé la place centrale de l'entrepreneuriat, du secteur privé. Dans un pays, ceux qui contribuent à son développement, créent de la richesse et de l'emploi sont ceux qui entreprennent, a-t-il soutenu. C'est pourquoi, il a appelé les jeunes à se départir de l'idée de l'Etat providence, pourvoyeur d'emplois. Et d'ajouter que, pour amorcer leur développement, il faudrait que les pays africains arrivent au stade où sur dix étudiants sortant des universités, il y ait au moins cinq qui entreprennent, créent des entreprises. Il a par ailleurs déploré que pendant longtemps, sous nos tropiques, l'entrepreneuriat ait été enseigné par des gens qui n'ont jamais créer d'entreprises.

Face aux défis, aux problèmes, il n'y a pas de solutions universelles mais plutôt de réponses contextuelles, adaptées aux réalités de l'environnement en question, a fait savoir M. Zézé. C'est pourquoi la solution du copier-coller est contreproductive. Pour « l'homme aux chaussettes rouges », entreprendre est avant tout une décision. Mais une décision qui s'accompagne d'un ensemble de réponses à des questions préalables : dans quel domaine entreprendre ? A quel coût ?

Quels produits ou services offrir ? A quelle clientèle ? Et quand on veut réussir dans son projet d'entrepreneuriat, l'échec ne doit pas être une option, a martelé celui qui a abandonné ses prestigieux postes à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement (BAD) et à Shell pour créer la première agence de notation financière d'Afrique francophone ; et qui a passé deux ans pleins avant d'avoir son premier client, le port de San-Pedro. « Ceux qui abandonnent, abandonneront toujours », a-t-il insisté.

Répondre à un besoin d'innovation ou d'amélioration

Pour que le projet d'entreprendre puisse connaitre le succès, il ne doit pas être mû par la volonté de devenir riche mais plutôt guidé par un objectif essentiel : répondre à un besoin de la communauté, de la société. Il peut s'agir d'un besoin d'innovation pour offrir un produit ou un service qui n'existe pas d'abord ou un besoin d'amélioration de l'existant ; sans ces deux objectifs, la probabilité de réussir reste très faible ! En résumé, il s'agit de créer de la valeur ajoutée qui permet de vous distinguer de la concurrence, a insisté Stanislas Zézé. Et c'est ce qui distingue l'entrepreneur de l'homme d'affaire ; si le dernier est un porteur d'opérations ponctuelles, le premier est celui qui construit, dans la durée !

S'il est important d'avoir un business plan, il convient de le démystifier. Car, il n'est rien d'autre que la traduction écrite de son projet, de la ligne directrice, de là où l'on veut aller et avec quels moyens, a-t-il précisé. Et jauger les possibilités de réussite de son projet permet d'affuter ses armes, de mettre sur la table de ses moyens, ses forces et faiblesses et de se préparer en conséquence, a conseillé celui qui a créé sa société de notation financière dans un environnement où la possibilité de réussir était de 0%. Car, il n'y avait ni client, ni narratif sur le produit, encore moins de cadre règlementaire pour le secteur d'activité en question.

Lorsque vous ne disposez que 50 millions F CFA pour un projet nécessitant un financement d'un milliard F CFA, il faut savoir commencer avec les moyens de bord, tout en se faisant crédible vis-à-vis de ses interlocuteurs, a conseillé le fondateur de Bloomfield Investment Corporation. « Il faut rêver grand, mais le réaliser avec les moyens du moment », a suggéré celui dit avoir bénéficié d'un soutien de taille, celui de son épouse, surtout au moment où son entourage le dissuadait dans son projet de mise en place de son agence de notation, et souvent avec des brins de railleries ; mais sans que cela n'entame son moral et sa volonté de concrétiser son projet.

Pour Stanislas Zézé, en entrepreneuriat, l'état d'esprit est très déterminant. Et dans des environnements défavorables, il ne s'agit pas de tomber dans la conclusion facile qu'il est difficile de réussir dans pareil contexte mais de se poser la bonne question : comment réussir dans un tel environnement difficile ? Mieux, il faut se demander comment des champions nationaux comme Idrissa Nassa ont pu tirer leur épingle du jeu dans le même contexte ! « Quand l'environnement ne s'y prête pas, il faut créer l'environnement qui vous est favorable », a-t-il ironisé.

Avoir un code de valeurs

Pour ce qui est de la mobilisation des financements, il est de l'entière responsabilité de l'entrepreneur. De l'avis de M. Zézé, les fonds d'investissements, à travers le capital-risque, constituent le modèle de financement le mieux adapté aux besoins et aux réalités des PME. Car, en plus du renfort financier qu'ils apportent au capital, ils contribuent également au renforcement des capacités techniques de l'entreprise, à travers l'amélioration de sa gouvernance, des produits, de sa visibilité. La communication sur l'image de soi constitue également un élément important, dira-t-il.

C'est pourquoi, il sied souvent de commencer par le personal branding avant le corporate branding. Mais en sus de tous éléments, pour connaitre le succès, l'entrepreneur doit avoir un code de valeurs. Et il doit faire siennes les valeurs comme le courage, la persévérance, la patience, l'humilité, l'honnêteté, la résilience, la discipline, la confiance en soi, etc. Sans oublier la nécessité d'avoir une bonne connaissance de son environnement, la psychologie de ses interlocuteurs.

Comment entreprendre et réussir dans un contexte comme celui du Burkina, marqué par une crise sécuritaire sans précédent ? En réponse à cette interrogation, le conférencier dira que la situation que traverse le Burkina Faso n'est pas une fatalité. Toutes les nations ont connu, au cours de leur histoire, des moments difficiles. Mieux, ces moments de crise précèdent des lendemains meilleurs, des périodes boom économique, de croissance, en prenant l'exemple de son pays, la Côte d'Ivoire, qui, après 10 années de crise, est aujourd'hui sur une bonne trajectoire de croissance, détenant à elle seule 40% du PIB de l'UEMOA. En tout état de cause, il appartient à l'entrepreneur d'adapter la stratégie de développement de son entreprise au nouvel environnement. Et cela fait partie de la résilience dont il doit toujours savoir faire preuve.

Sur la question de savoir s'il faut être expert dans son domaine d'activité pour réussir en entrepreneuriat, Stanislas Zézé dira que l'expertise est certes un atout mais ne constitue pas une condition sine qua none de succès. Car, le chef d'entreprise doit être un chef d'orchestre, chargé donc de coordonner, de mettre en musique tous les talents au sein de son organisation. Ce qu'on lui demande, c'est d'avoir des compétences pour gérer les hommes et les femmes, les motiver, les mettre au travail et de faire de son entreprise un cadre d'épanouissement pour ses collaborateurs.

Sur la préoccupation relative à la faible culture entrepreneuriale chez les jeunes sous nos tropiques, le conférencier a appelé à revoir en profondeur les systèmes éducatifs, surtout dans les pays d'Afrique francophone. Car, de sociétés traditionnelles de travailleurs, l'école coloniale les a fait passer à des sociétés modernes où tout le monde veut être élite, intellectuel bureaucrate, a-t-il déploré.

En phase avec la vision du CNPB

In fine, le fondateur de Bloomfield Investment Corporation a invité les jeunes entrepreneurs à se mettre ensemble pour des projets collectifs, pour ainsi mutualiser leurs compétences, leurs ressources financières et techniques et bonifier leurs chances de succès. Cette conférence, riche en enseignements, a été bien appréciée par les participants venus de plusieurs villes du Burkina.

L'entrepreneure Sarah Ouédraogo, responsable de l'entreprise LTS (Logistique, Transport et Solutions), basée à Ouagadougou, est à sa première conférence dans le domaine de l'entrepreneuriat et n'a pas manqué d'exprimer sa satisfaction d'y avoir participé. « Nous avons beaucoup appris de Stanislas Zézé, notamment en matière de modèles appropriés de financements de nos projets à travers le recours aux fonds d'investissements, de connaissances de la psychologie de nos interlocuteurs, de notre environnement, pour mieux s'y adapter et savoir se démarquer des autres », a confié Mme Ouédraogo.

La secrétaire générale du Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB), Nadège Zongo/Kaboré, prenant la parole nom du Président Idrissa Nassa, s'est réjouie de la tenue de cette conférence qui est en phase avec la vision du CNPB ; celle de promouvoir l'entrepreneuriat et de soutenir le développement des PME/PMI, éléments essentiels pour la croissance et la compétitivité de l'économie burkinabè. « Le thème de cette session, « Comment entreprendre et réussir », est particulièrement pertinent.

Il s'aligne parfaitement avec nos objectifs de valorisation et de renforcement des compétences des entrepreneurs, en vue de faire émerger de véritables champions nationaux et de renforcer la résilience de nos entreprises face aux défis actuels », a souligné Mme Zongo. Elle a traduit la gratitude du patronat burkinabè à Stanislas Zézé, « un entrepreneur visionnaire et leader inspirant » et dont « l'expérience et la vision représentent une source d'inspiration inestimable pour l'ensemble de notre écosystème entrepreneurial ».

Pour la directrice générale de IFG-Afrique, Mager Souhila, loin de l'idée d'organiser une simple conférence, l'ambition de son organisation est de permettre à la jeunesse réseauter et de bénéficier des partages d'expérience des modèles de réussite, des champions nationaux comme Idrissa Nassa du groupe Coris Holding ou de Stanislas Zézé de Bloomfield Investment Corporation. Elle a invité les jeunes entrepreneurs burkinabè à persévérer dans leurs projets, à être patients et à s'inspirer des parcours d'entrepreneurs persévérant comme celui de M. Zézé, qui n'a jamais rien lâché malgré l'adversité de son environnement.

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