Les émissions politiques dominicales camerounaises sont au coeur d'une polémique grandissante. La qualité des débats et le traitement de sujets sensibles soulèvent de vives critiques de la part des experts en communication et des citoyens.
Au centre de la tourmente, la récente affaire Longuè Longuè cristallise les tensions. Les plateaux télévisés du dimanche, plutôt que d'analyser objectivement les faits présumés de torture dénoncés par l'artiste, se transforment en tribunaux médiatiques où la victime devient l'accusé. Une situation qui suscite l'indignation de nombreux observateurs.
La crédibilité des médias camerounais est particulièrement mise à mal par le manque de rigueur journalistique. Les présentateurs, accusés de complaisance, laissent leurs invités tenir des propos parfois aberrants, allant jusqu'à établir des parallèles douteux avec les pratiques occidentales pour justifier l'injustifiable.
L'affaire prend une dimension particulière dans le contexte de la lutte contre le terrorisme au Cameroun. Le ministre de la Défense lui-même a ordonné l'ouverture d'une enquête, rappelant un précédent similaire dans l'Extrême-Nord où des membres des forces de l'ordre avaient été mis en cause.
Cette situation fait écho à une problématique plus large de la liberté d'expression au Cameroun. Comment justifier que des citoyens puissent être maltraités pour avoir exprimé des opinions divergentes ? Cette question fondamentale est souvent éludée au profit de considérations partisanes.
Les experts appellent à un sursaut déontologique des médias camerounais. La qualité du débat public ne peut que pâtir de ces dérives où l'analyse cède la place à la vindicte, où les contradicteurs sont dénigrés plutôt que réfutés sur le fond.
La corruption généralisée et la paupérisation croissante du pays sont pointées du doigt comme facteurs aggravants, poussant certains commentateurs à accepter des compromissions éthiques pour quelques billets de banque.