Ile Maurice: Renganaden Padayachy - «Le chômage a chuté à son niveau le plus bas depuis 27 ans»

interview

Il y a, d'un côté, le ministre des Finances sortant qui défend son bilan et présente sa perspective des chiffres et des enjeux économiques. Il y a, de l'autre, le candidat qui oeuvre au n°13 (Rivière-des-Anguilles-Souillac) pour son deuxième mandat. Entretien avec Renganaden Padayachy.

«(...) grâce à notre économie en plein essor, le taux de chômage a chuté à 6,3 %

«À vrai dire, le gouvernement de Pravind Jugnauth a considérablement augmenté le pouvoir d'achat des Mauriciens»

«Vous vous rendez compte qu'un couple au revenu minimum, avec deux enfants en bas âgeet deux grands-parents à la retraite, touche aujourd'hui Rs 73 000 par mois»

«Parole donnée, parole sacrée»

«Ils ont soif de pouvoir ; nous, du côté de l'Alliance Lepep, avons soif de progrès pour tous les Mauriciens»

Renganaden Padayachy, nous voilà arrivés à la fin du mandat avec les élections dans quelques jours. Quel bilan faites-vous de ces cinq dernières années ?

Le bilan socio-économique du gouvernement de Pravind Jugnauth est objectivement très bon. Malgré la crise du Covid-19 et les tensions géopolitiques qui perdurent, l'activité économique, portée par une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 8,9 % en 2022 et de 7 % en 2023, bat son plein.Nous fermons cette mandature sur des records économiques pour la plupart historiques ! Croissance, consommation, export, investissement, pouvoir d'achat et emploi, les indicateurs sont au vert.

Ce gouvernement a créé de la richesse pourla redistribuer à la population.En effet, le PIB, qui reflète la richesse nationale, a augmenté de Rs 512milliards en 2019 à Rs 734 milliards en 2024, en hausse de 43 %, tenant en compte l'impact violent, soudain et catastrophique de la crise du Covid-19 où l'on a vu chuter le nombre de touristes de presque 1,4 million à environ 308 000 en 2020 et 178 000 en 2021, en baisse de 87 %.

La résilience de notre économie actuelle repose sur trois principaux éléments. Premièrement, sur la hausse historique de l'investissement qui a doublé pendant le mandat, passant de Rs 97,7 milliards en 2019 à Rs 204,5 milliards en 2024,soit une augmentation cumulée de 109 %. Deuxièmement, sur le boom de l'export de biens et services qui atteindra Rs 361,3 milliards cette année contre Rs 228,7 milliards en 2019,soitune augmentation cumulée de 58 %.Troisièmement, sur une solide croissance de la consommation qui atteindra Rs571,1 milliards à la fin de 2024, comparé à Rs 451,2 milliards en 2019.

C'est d'ailleurs cette dynamique économique qui nous permet de réduire le ratio de la dette publique. Celui-ci passera de 91,9 % en juin 2021 pour atteindre 71,1 % en juin 2025, soit une baisse de plus de 20 points de pourcentage en moins de quatre ans.

Les réserves en devises étrangères du pays ont atteint 8,1 milliards de dollars à ce jour et ont ainsi augmenté de 218 %au cours de la dernière décennie. Il faut en effet rappeler qu'en 2014, ce chiffre n'était que de 3,7 milliards de dollars. Porté par ces bonnes performances et la stratégie de redistribution du gouvernement ,le pouvoir d'achat des Mauriciens a fortement augmenté au cours des dernières années. La preuve : le revenu mensuel moyen des ménages est déjà arrivé à Rs 55 600 en 2023, comparé àRs 29 421 en 2012, en hausse de 89 %. Avec la hausse du revenu minimum garanti en décembre de l'année dernière, l'augmentation des Income Allowances et la compensation salariale, ce chiffre sera encore plus élevé cette année-ci.

Enfin, grâce à notre économie en plein essor, le chômage a connu une forte baisse ; le taux a chuté à 6,3 %,son niveau le plus bas depuis 27 ans. D'ailleurs, en fin analyste politique et économique que vous êtes, vous aurez sans doute observé que depuis l'Indépendance tous les gouvernements qui ont réussi à faire baisser la courbe du chômage pendant leur mandature ont été réélus, sans exception aucune. Croyez moi, l'Alliance Le pepet son leader, PravindJugnauth, sontbien décidés à suivre cette règle.

Et le pouvoir d'achat ? Il y a beaucoup de critiques.

C'est une fausse perception de la réalité que certains veulent faire croire aux Mauriciens. À vrai dire, le gouvernement de Pravind Jugnauth a considérablement augmenté le pouvoir d'achat des Mauriciens. Vous vous rendez compte qu'un couple au revenu minimum, avec deux enfants en bas âge et deux grands-parents à la retraite, touche aujourd'hui Rs 73 000 par mois. Sous le régime Ramgoolam, cette même famille touchait seulement Rs 10 246 par mois pour nourrir six bouches. Vous vous rendez compte, Rs 10 246 pour nourrir six bouches ! Et ils osent dire que le peuple vivait mieux à leur époque. Ils veulent faire oublier qu'en 2014, sous le régime travailliste, le pain maison était à Rs 2,70 ; il est à Rs 2,60 en 2024.

Le kilo de farine était à Rs 11,70; il est à Rs 9,70 aujourd'hui. Le kilo de riz était à Rs 10,80 et il est resté constant. Et le gaz ménager était arrivé à Rs 330 la bonbonne ; il est à Rs 190 aujourd'hui. Oui, l'essence en 2014 était à Rs 52,25 et il a augmenté depuis pour atteindre Rs 66,20, une hausse de 26,9 % en dix ans.

Avec le gouvernement Lepep, dans un prochain mandat, les revenus de cette famille s'élèveront à un minimum de Rs 104 000. Le gouvernement Jugnauth, c'est la promesse d'un revenu de plus de dix fois supérieure à ce que cette même famille avait le droit sous le régime travailliste. Mais je le redis, c'est le gouvernement de Pravind Jugnauth qui a considérablement amélioré le pouvoir d'achat des Mauriciens comme en témoigne cette famille qui ne percevait que Rs 10 246 par mois en 2014 et qui a vu augmenter significativement ses revenus mensuels à Rs 75 000 aujourd'hui et à Rs 100 000 demain. C'est ça la vérité !

D'après vous, l'inflation a-t-elle donc été compensée par la hausse des revenus ?

Soyons clairs et précis, car le coût de la vie est bien évidemment un important sujet de préoccupations pour les Mauriciens, et il ne faudrait pas sciemment les désinformer à coups de déclarations fausses et démagogiques. Premièrement, comme l'a souligné le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) à la conférence de presse du World Economic Outlook du 22 octobre 2024, la bataille contre l'inflation est en passe d'être gagnée. C'est particulièrement vrai à Maurice. En effet, le FMI prévoit un taux d'inflation parfaitement maîtrisé de 3,5 % en 2024, 2025 et même en 2029. 3,5 %, c'est justement l'objectif optimal d'inflation fixé à Maurice depuis 2023 sur recommandation du FMI au travers du nouveau cadre de politique monétaire.

Deuxièmement, et c'est sans doute le point le plus important, plutôt quede se focaliser seulement sur le coût de la vie, il convient de parler du pouvoir d'achat réel des Mauriciens.Je rappelle qu'il correspond à la différence entre l'évolution des revenus et celui des prix. Depuis que ce gouvernement est aux commandes, le pouvoir d'achat des Mauriciens a augmenté. Précisément, en supprimant l'effet de l'inflation cumulée, le revenu disponible moyen des ménages mauriciens a augmenté de 48,5 % entre 2012 et 2023. Ce n'est pas moi qui le prétends, c'est Statistics Mauritius. Ainsi, l'augmentation des prix, conséquence du Covid-19 et des tensions géopolitiques, a été plus que largement compensée par la politique de redistribution de ce gouvernement.

En d'autres termes, grâce à l'augmentation des pensions et du salaire minimum, l'introduction de diverses allocations, la réforme de la taxation ou encore le maintien des subsides, le pouvoir d'achat des Mauriciens a augmenté de façon bien plus rapide que les prix. Résultats: la décennie Jugnauth aura été marquée par une forte baisse des inégalités, un coefficient de Gini qui a diminué de 0,420 en 2014, sous le régime travailliste et Ramgoolam, à 0,305 en 2023.

Pour rappel, la hausse des inégalités qui avait explosé et un appauvrissement des classes populaires, c'est à la décennie travailliste que nous le devons.Les pauvres s'étaient ainsi encore davantage appauvris puisque la part du revenu total revenant aux 20 % des ménages situés au bas de l'échelle avaitdiminué, passant de 6,1 % en 2006-2007 à 5,4 % en 2012.

Il y en a tant! Je viens d'évoquer les mesures phares liées à la pension, au salaire minimum, aux allocations de la contribution sociale généralisée (CSG), à la taxation et aux subsides. Si je ne devais n'en retenir qu'une seule d'un point de vue économique,je diraisle Wage Assistance Scheme. Cette mesure courageuse et innovante a clairement changé la donne quand nous avons dû fermer les frontières en mars 2020pour protéger la vie des Mauriciens. Je n'ose pas imaginer ce qui se serait passé, en termes sanitaires mais aussi économiques, si nous avions joué les petits bras face à la tornade du Covid-19. Nous y aurions laissé plus que des plumes,je vous assure ! Le FMI, la Banque mondiale, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les Nations unies à l'international, mais également le patronat et les syndicats mauriciens sont unanimes : nous avons eu raison d'investir 32 % de notre PIB pour sauver les intérêts du pays. Cette stratégie était la bonne.

C'était une stratégie gagnante car elle s'est appuyée sur ce que nous avons finalement de plus précieux et de plus important : les Mauriciens. Derrière chaque situation économique se trouvent des hommes et des femmes. Ils sont nos pères, nos mères, nos enfants, nos proches, nos voisins. Nous ne pouvions pas y être insensibles. Dès son entrée en fonction, le gouvernement de Pravind Jugnauth a été mis face à ses responsabilités et il n'a pas tremblé. L'humain, encore et toujours, au coeur de notre philosophie.

Et cet humanisme se retrouve dans chacune de nos décisions. Le programme gouvernemental de prise en charge total des soins à l'étranger des enfants malades qui ne peuvent pas être soignés à Maurice, comme ceux atteints de cancer, est l'exemple qui me touche le plus. C'est la mesure de ce gouvernement qui me rend le plus fier et qui me donne toute la combativité pour continuer à me battre pour les Mauriciens.L'humanisme, c'est notre signature.

Et vous pensez que cela vous différencie fondamentalement de l'Alliance du changement et des autres blocs ?

C'est évident ! Les partis de l'Alliance Lepep se sont unis pour réaliser ensemble un grand projet économique, social et environnemental pour Maurice. Nous voulons continuer à améliorer le quotidien des Mauriciens. Nous faisons campagne avec le peuple et pour le peuple. C'est à l'opposé du fondement de l'Alliance dite du supposé «changement» qui n'a pour socle commun que le projet de destruction des acquis octroyés aux Mauriciens ces dernières années.

Laissez-moi vous poser une question. Quel est leur programme ? Est-ce que c'est de revenir en arrière, retaxer l'épargne des Mauriciens, réintroduire la National Residential Property Tax, réaugmenter le prix du pain, du riz, de la farine et du gaz ménager, revenir à l'ère manz patat ek maniok, arracher à nouveau le pain de la bouche de nos enfants, ramener la pension à Rs 3 643 et le salaire minimum à Rs 1 500 ou encore abolir les allocations CSG accordées à la population ? À part fustiger le gouvernement de Pravind Jugnauth, ils n'ont aucun programme, aucun point commun. Ils ont soif de pouvoir; nous, du côté de l'Alliance Lepep, avons soif de progrès pour tous les Mauriciens.

Justement, comment comptez-vous apporter ce progrès aux Mauriciens et surtout avec quels moyens financiers ?

Ce progrès, nous l'apporterons aux Mauriciens par une croissance forte soutenue par des investissements, les exportations et une consommation en hausse. Nous l'avons démontré sur les trois dernières années, après les crises économiques. Nous menons une politique d'économie ouverte, dynamique et inclusive qui crée des emplois, qui augmente nos marges de manoeuvre budgétaire en diminuant le taux de dette publique, et permet ainsi d'offrir de meilleures opportunités et conditions de vie à tous les Mauriciens. Nous croyons en l'intégration, en la redistribution et en la reconnaissance de l'apport des Mauriciens à la réussite du pays. Pouvoir d'achat, santé, éducation, maintien de l'ordre, environnement et bien-être animal sont au coeur de notre manifeste électoral.

Avec l'Alliance Lepep, nous continuerons de soutenir le pouvoir d'achat des Mauriciens en faisant passer le revenu minimum garanti passera de Rs 20 000 à Rs 25 000 par mois,en augmentant la pension de vieillesse de Rs 15000 à Rs 20000 par mois, en introduisant une allocation mensuelle de Rs 5 000 aux handicapés en complément de leur pension, ainsi qu'une allocation mensuelle de Rs 2 000 aux femmes au foyer et une allocation de Rs 10 000 minimum aux foyers affectés par les catastrophes naturelles et enfin, en rendant le rapport du PRB applicable dès le 1er janvier 2025.

Avec l'Alliance Lepep, nous continuerons d'accompagner les familles mauriciennes pour soutenir parents, jeunes et enfants en accordant une allocation mensuelle de Rs 5 000 par mois aux parents de chaque enfant âgé de 0 à 18 ans, en octroyant un Home Loan à taux zéro pour la première maison d'un jeune de 18 à 35 ans et en créant un Pupil Equity Fund pour soutenir les élèves issus de familles à faible revenu, en remodelant l'Extended Programme avec une approche professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail et en instaurant un cours préparatoire gratuit permettant à chaque jeune d'accéder aux études universitaires.

Avec l'Alliance Lepep, nous achèverons notre programme d'État-providence pour divers services publics en rendant tous les médicaments avec une ordonnance gratuits, en étendant le transport gratuit aux veuves et aux veufs, en rendant l'internet gratuit pour les familles à faibles revenus, en diminuant de 25 % le prix des forfaits mobiles et en créant20 animal shelters à travers l'île. Avec l'Alliance Lepep, nous veillerons au maintien de l'ordre et à la paix sociale dans l'intérêt de tous les Mauriciens en créant un tribunal spécial pour accélérer le traitement des délits liés à la drogue, ainsi qu'un organisme indépendant pour contrôler l'usage des écoutes téléphoniques et des caméras Safe City. Avec l'Alliance Lepep, c'est le progrès économique et social. C'est le pacte de confiance que nous allons renouveler. Le 10 novembre, c'est l'Alliance Lepep contre le retour en arrière.

Le mot de la fin ?

Parole donnée, parole sacrée. C'est la marque de fabrique du gouvernement de Pravind Jugnauth. Et comme nous l'avons fait jusqu'à présent, nous continuerons à tenir toutes nos promesses lors du prochain mandat. Je m'y engage auprès des Mauriciens et vous donne rendez-vous dans cinq ans pour le vérifier.

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