Après un long et riche parcours dans le secteur des finances, le premier ivoirien diplômé d'Hec Paris et depuis peu, chef de canton de Sinématiali à 84 ans, a estimé qu'il est temps pour lui de s'immortaliser à travers une autobiographie présentée officiellement, le 23 octobre.
Il y a des parcours qui méritent qu'on s'y arrête, tant ils sont inspirants. Celui de Tiémoko Yadé Coulibaly, en plus d'inspirer, est glorieux. Si déjà, l'an dernier, un film documentaire sur sa vie a été produit, cette année, c'est le concerné lui-même qui se raconte dans une autobiographie.
Un récit dans lequel l'homme de 84 ans reconnait l'omniprésence de Dieu dans son parcours scolaire, professionnel et politique. D'où le choix du titre "La main de Dieu", qui est aussi le témoignage de la reconnaissance que l'auteur, chrétien catholique, voue à son créateur.
À la présentation officielle de cet ouvrage édité chez Massaya Éditions, le 23 octobre, la salle des fêtes du Sofitel hôtel Ivoire a refusé du monde. Aux côtés des parents, amis et connaissances de l'élu du jour, venus d'Abidjan et de plusieurs localités du grand Nord, dont Sinématiali d'où il est ressortissant et depuis peu chef de canton, un parterre de personnalités du monde politique, économique et culturel a rehaussé l'éclat de la cérémonie.
"Que les aînés écrivent leurs histoires"
Le ministre de la Communication, Amadou Coulibaly, faisait partie des plus illustres invités. Saluant l'initiative de celui qu'il appelle affectueusement "tonton" d'écrire son autobiographie, le porte-parole du gouvernement a profité de son temps de parole pour inviter toutes ces personnalités ivoiriennes qui, par leur parcours, constituent des « exemples », à faire ce genre de retour d'expérience.
« Nous avons besoin que les aînés écrivent leur histoire comme vient de le faire "tonton" Tiémoko Yadé. Cela permettra aux jeunes générations de savoir qui ils sont réellement et comment ils sont arrivés au sommet. Il faut que les jeunes sachent que c'est à force de travail, d'engagement et d'abnégation qu'on y arrive. C'est l'exemple que nous enseigne le parcours de "tonton". On n'arrive pas au sommet par hasard », a-t-il déclaré.
Né officiellement en 1940, à Péguékaha, un petit village de Sinématiali, Tiémoko Yadé Coulibaly a été toujours major durant tout son parcours scolaire qui l'a conduit de Korhogo à Bordeaux, en passant par Abidjan et Dakar. Il a été le premier ivoirien diplômé d'Hec Paris qu'on intégrait par une bourse. Ensuite, il a été le premier Pdg de la Société générale qu'il a dirigée pendant 46 ans (de 1975 à 2021). Mais c'est à la Bceao qu'il a débuté son parcours dans le secteur bancaire. Il avait même été proposé par le Président Houphouët-Boigny comme gouverneur, lorsque le siège de l'institution a été installé à Dakar.
Une proposition qu'il a déclinée, poussé par son instinct patriotique et son désir ardent de rester dans son pays et de le servir. Plusieurs fois annoncé comme Premier ministre de la Côte d'Ivoire, la main de Dieu qui avait déjà tracé son parcours, l'a maintenu dans les finances jusqu'à ce qu'en 2021.
Le déclic du goût pour l'excellence
N'ayant pourtant pas prévu de prendre la parole, l'auteur, fringant octogénaire, a fini par réagir avec son enthousiasme habituel et sans faux-fuyant, aux nombreuses questions qui venaient de l'assistance. Il a ainsi partagé de belles anecdotes, notamment sur son inimitié avec Laurent Dona Fologo, sur les rapports privilégiés qu'il avait avec le père fondateur de la nation, Félix Houphouët-Boigny et sur ce qui a été l'élément déclencheur de son goût pour l'excellence.
« J'ai été hué un jour en classe, à l'école primaire, parce que j'avais donné une mauvaise réponse à la question de la maîtresse. Pour moi, cet événement était aussi la main de Dieu, parce qu'il a fallu cela pour me donner une autre mentalité. Depuis ce jour, j'ai décidé d'être toujours le meilleur, afin de ne plus jamais être hué. Et c'est ce qui s'est passé », a-t-il raconté.
Il y a donc la main de Dieu, certes, mais le parcours de Tiémoko Yadé Coulibaly est surtout le résultat d'un goût poussé pour l'excellence, d'une envie intarissable d'être toujours parmi les meilleurs « par le travail » et d'un esprit qui a compris très tôt que c'est seulement le travail acharné qui paie.
« Rien ne fut facile pour lui. Le niveau qu'il a atteint l'a été que par la force du travail », a commenté le journaliste Michel Koffi, qui a fait la critique littéraire de l'oeuvre.