La seule famille politique qui ne s'était pas encore prononcée sur la question controversée de la révision constitutionnelle vient de briser le silence. A travers un communiqué rendu public le dimanche dernier, le Front Commun pour le Congo (FCC) s'est, à son tour, opposé catégoriquement à toute révision ou changement de Constitution. Réagissant au discours tenu par le Chef de l'Etat Félix Tshisekedi lors de sa visite officielle à Kisangani, Chef-lieu de la province de la Tshopo, lors duquel il a évoqué la nécessité de réviser la Constitution, cette plateforme politique le met en garde contre toute manoeuvre allant dans ce sens. Selon elle, venir à terme d'un tel projet serait déclarer la guerre au peuple congolais, car celui-ci viendrait annihiler la cohésion nationale trouvée lors du dialogue de Sun City. Ainsi, le camp du Président Honoraire Joseph Kabila a lancé un appel à toutes les forces politiques et sociales afin de constituer un seul bloc pour faire échec à toute tentative de modification de la Loi fondamentale.
FRONT COMMUN POUR LE CONGO CELLULE DE CRISE
Communiqué du FCC sur le projet de changer la Constitution de la République Démocratique du Congo
Ne pas être prêt à mourir pour défendre ses droits, c'est se faire complice de son bourreau !
Le FCC a suivi avec indignation - mais sans surprise, connaissant l'homme et son système, l'annonce par le Président de la République depuis Kisangani, de sa décision de changer la Constitution de la République. Prenant l'opinion tant nationale qu'internationale à témoin, le FCC note que cette décision témoigne, si besoin en est encore, de sa volonté manifeste, maintes fois démontrée, de remettre en question le Pacte républicain issu du Dialogue inter-congolais de Sun City, fruit de la sagesse de plusieurs centaines de compatriotes représentants tous les segments de la population, dont Etienne Tshisekedi en personne, qui en avait tous validé les termes en apposant, chacun, sa signature sur le Communiqué final.
Ce pacte a ensuite été cristallisé dans la Constitution du 18 février 2006 ; une Constitution écrite, non pas "à l'étranger, par des étrangers", comme faussement allégué, mais plutôt ironie du sort, à Kisangani, plus précisément à Simisimi dans les installations de la mission catholique Saint Gabriel en 2004, par des compatriotes représentant la diversité de la Nation congolaise, avant d'être massivement adoptée, soit à plus de 85%, par référendum populaire, lui conférant ainsi la plus grande des légitimités.
Afin de tordre définitivement le cou à la fable d'une Constitution, produit tantôt des étrangers, tantôt des belligérants, et non conforme aux réalités congolaises, le FCC tient à apporter les précisions irréfutables suivantes :
- La Commission du Sénat chargée de proposer une nouvelle Constitution était présidée par le Feu Sénateur Bruno Mbiango, ancien Président de la Cour Suprême de Justice à la retraite ;
- Cette Commission a connu la participation de plusieurs Sénateurs, ainsi que des spécialistes en droit constitutionnel, tous congolais et encore en vie aujourd'hui ;
- Avant la réaction proprement dite du projet de la nouvelle Constitution, le Sénat avait pris le soin de diligenter des missions dans toutes les provinces, afin de consulter la population et de recueillir ses avis, avant de lever la grande option de ladite Constitution ;
- Après l'adoption en plénière du Sénat, de l'avant-projet de Constitution élaboré par la Commission de rédaction, l'Assemblée Nationale s'était penchée sur ledit projet et l'avait, à son tour, adopté ;
- Ce n'est qu'au terme de ce processus, long et exigeant, que le projet de la Constitution aujourd'hui en vigueur a été soumis au référendum avant d'être promulgué par le Président de la République, une fois adopté par le Souverain primaire.
A tous les spécialistes de thérapeutiques basées sur des faux diagnostics qui, par ignorance ou malveillance, pensent que l'histoire du Congo a commencé le 24 janvier 2019, le FCC rappelle que ce Pacte républicain et son corollaire, la Constitution du 18 février 2006 sont, notamment du fait de la méthode participative utilisée pour y aboutir, les véritables bases de la cohésion et de la stabilité nationales que le Président Tshisekedi a trouvées à son arrivée au pouvoir. En effet, ce sont eux qui ont permis de mettre fin à la guerre de 1998 à 2003, avec son lot de pertes en vies humaines et de destruction massive des biens des particuliers et du tissu économique ; de réunifier le pays, lui évitant de peu l'implosion et la balkanisation ; de relancer la croissance économique et le développement des infrastructures ; d'organiser trois cycles électoraux avec succès et de faire vivre au pays sa première alternance pacifique au Sommet de l'Etat depuis son indépendance. Pour le FCC, par-delà les arguments fallacieux servis au peuple, le véritable objectif de ce projet de changement de Constitution est clair, à savoir l'instauration d'une présidence à vie omnipotente, par le déverrouillage des dispositions constitutionnelles intangibles, singulièrement celles relatives au nombre et à la durée de mandats présidentiels et aux prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées.
Après des violations délibérées et récurrentes de la Constitution et des lois de la République, et après la mascarade électorale de décembre 2023 dont les résultats, fruit d'une fraude d'ampleur inédite, en a fait un Monarque absolu de fait, il s'agit pour le Président Tshisekedi, de liquider ce qui reste du Consensus national de Sun City et partant tout contre-pouvoir et, grâce à un pseudo-référendum dont les résultats seront fabriqués dans les officines, comme l'ont été ceux de sa prétendue réélection, se conférer, autant qu'à son régime liberticide et prédateur, un semblant de légitimité et de légalité.
Dernière machination politique, d'un pouvoir manipulateur à souhait, pour détourner l'attention de la population de son incapacité à assurer sa sécurité, à arrêter la diminution de son pouvoir d'achat, à payer régulièrement et à terme échu militaires, policiers, enseignants et professionnels de santé, ce projet de changement de Constitution qui, s'il passe, aura pour conséquence de dépouiller de toute légitimité l'ensemble des institutions du pays, ouvrant la voie à l'arbitraire et au chaos, est donc et c'est le plus grave, un danger pour la paix, l'unité et la stabilité du pays ; une déclaration de guerre du Président Tshisekedi au peuple congolais. Accepter de le laisser prospérer serait cracher sur la mémoire de nos héros nationaux aux simples citoyens, qui ont payé de leur vie pour faire triompher la cause de la liberté, de la démocratie et de la cohésion nationale dans notre pays. Plus qu'irresponsable, ce serait, ni plus ni moins, trahir la Nation !
Au promoteur de ce projet, visiblement nostalgique du parti-état et de la pensée unique qui, rêvant debout, pense ainsi se donner les moyens de régner sans partage, d'asservir notre peuple davantage et de piller le pays à volonté, le FCC, qui ne peut permettre une telle forfaiture, dit qu'il oppose un Non, catégorique et cinglant, à son projet funeste. Le FCC lance, en conséquence, un appel et solennel à toutes les forces publiques et sociales éprises de paix et de justice, qui aiment réellement notre pays, se soucient du bien-être de nos populations et sont opposées à la restauration de la dictature pour, ensemble, mobiliser notre peuple et faire barrage à ce projet de changement de la Constitution.
Comme l'histoire l'a démontré à plusieurs reprises, conscientisé et mobilisé, le peuple congolais a toujours su se montrer à la hauteur des enjeux. Ce fut notamment le cas en 1959, en 1992, en 1997 et en 1998. Il n'y a donc aucun doute, qu'une fois encore, il va se lever, uni comme un seul homme, pour défendre ses droits légitimes inaliénables, un temps spoliés, reconquis de haute lutte, aujourd'hui de nouveau menacés : sa liberté et sa souveraineté.
Oyo aza na matoyi ya koyoka, ayoka ! Mwene iko na maisikiyo yaku sikiya, asikiye ! Udi ne matshi a kumvua, umvua !
Yina ke na makutu ya kuwa, yandi kuwa !
Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !
Fait et rendu public, le 27 octobre 2024
Pour le FCC,
La Conférence Elargie des Présidents entendue,
Raymond Tshibanda N'Tungamulongo