Kaolack — L'interdiction annoncée par le gouvernement des exportations de graines d'arachide va "désarticuler et appauvrir" le monde rural et entraîner la "non-compétitivité" du marché de l'arachide au profit des huiliers, a soutenu le Collectif des producteurs et exportateurs de graines d'arachide (COPEGA).
"Arrêter les exportations de graines d'arachide va désarticuler et appauvrir le monde rural et favoriser gravement une non-compétitivité du marché de l'arachide, ce qui va profiter aux huiliers", s'est inquiété devant la presse locale son président, Habib Thiam, lundi, à Kaolack (centre).
Le ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage, Mabouba Diagne, a annoncé vouloir publier un arrêté interdisant les exportations d'arachide brute. "Je veux que nos produits soient transformés. En ce qui concerne l'arachide par exemple, on peut en extraire de l'huile, ce qui peut créer beaucoup d'emplois. Bientôt, je sortirai un arrêté pour interdire les exportations", a déclaré M. Diagne dans une interview publiée mercredi 23 octobre par le quotidien Le Soleil.
En raison des conséquences qui peuvent en découler, le COPEGA estime que cette mesure annoncée est "inappropriée et inefficace".
M. Thiam a rappelé qu'un accord avait été signé entre le Sénégal et la Chine, concernant la vente à l'étranger des graines d'arachide sénégalaises, ce qui permettait aux agriculteurs locaux d"'avoir des revenus importants".
Avant d'être vendues à l'étranger, les graines font l'objet d'une transformation à laquelle travaillent quelque 30.000 personnes dans la seule région de Kaolack, a argué le président du COPEGA.
"L'arrêté ministériel mettant fin aux exportations de graines d'arachide de cette brusque manière [...] ne peut pas être au-dessus d'un décret présidentiel", a fait valoir Habib Thiam.
Selon lui, les exportations de graines d'arachide sont encadrées par un décret de 2010, lequel est toujours en vigueur.
Le Collectif des producteurs et exportateurs de graines d'arachide dit craindre un "désamour entre les producteurs et le gouvernement" à cause de l'interdiction annoncée des exportations.
Cette mesure profite seulement aux huiliers, a dit Habib Thiam, précisant que la "vocation" de ces derniers est de triturer les graines, pas de les vendre à l'étranger.
"Les huiliers n'ont pas la capacité de collecter toute la production d'arachide et de la transformer. Ils seront obligés de faire des exportations à notre place", a-t-il dénoncé.