Interpeller l'Exécutif et défendre les intérêts de leurs électeurs font partie des rôles des députés. Avec les coupures d'électricité et la pénurie en eau, certains d'entre eux commencent à hausser le ton.
Des scènes d'émeutes nocturnes continuent dans plusieurs quartiers de la capitale. À bout, les habitants veulent s'organiser et faire monter la pression pour que l'État apporte des solutions durables face aux coupures d'électricité qui se prolongent et l'eau qui n'arrive pas encore dans les robinets de la majorité des ménages de la capitale. Face à cette grogne populaire grandissante, des élus de la Chambre basse commencent également à hausser le ton. Siteny Randrianasoloniaiko, 7ème vice-président de l'Assemblée nationale, se trouve parmi ceux qui ont interpellé le pouvoir. « Il ne s'agit plus de délestage, c'est tout simplement de coupures d'électricité », a-t-il soutenu, invitant le président Andry Rajoelina à tout arrêter et à trouver des solutions à ces problèmes.
Déconnectés
« Il faut mettre fin à toutes les fanfaronnades politiques qui ne nous mènent nulle part », a-t-il ajouté. Le député de Toliara 1 déplore l'état dans lequel se trouve le pays alors que sur la scène internationale, les dirigeants se comportent comme si tout allait bien. « Ceux en qui la Constitution assoit le pouvoir sont totalement déconnectés de la réalité dans le pays. Vous ne savez pas ce dont les Malgaches ont besoin », a continué Siteny Randrianasoloniaiko.
En tout cas, outre le dérangement et les dégâts matériels, ces coupures d'électricité mettront à bas l'économie du pays. Les pertes commencent d'ailleurs à se sentir au niveau des petites et moyennes entreprises (PME) mais surtout auprès des milliers de Malgaches du secteur informel et qui dépendent de l'électricité. « Les Malgaches sont fatigués et le pays est à terre », a ainsi regretté Siteny Randrianasoloniaiko.
Lettres
Du côté de la majorité, des députés commencent également à se rendre compte que cette situation n'est plus soutenable. Hier, c'était au tour de Désiré Rafidimanana, député du IVème arrondissement de la capitale, d'afficher sa préoccupation. Il appelle les autorités à régler au plus vite le problème des coupures d'électricité et la pénurie d'eau. Le député de la plateforme Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRMAR) de préciser, « des lettres ont été déjà envoyées auprès du ministère de l'Eau et aux responsables de la JIRAMA par les députés ». Contrairement aux principaux cadres du parti présidentiel qui ne font que rejeter les fautes sur les autres, notamment aux anciens dirigeants, les députés IRMAR souhaitent que des véritables solutions soient trouvées pour mettre fin à cette situation qui risque de dégénérer.
Alternatives
« Nous invitons la population à rester calme et à ne pas détruire les biens publics », a poursuivi Désiré Rafidimanana face aux manifestations de mécontentement de la population et à l'intensification des émeutes nocturnes. Siteny Randrianasoloniaiko a, quant à lui, invité les forces de l'ordre et le ministère de la Justice de donner d'autres alternatives afin que la population puisse manifester et s'exprimer librement. Quoi qu'il en soit, il est évident que cette crise énergétique que le pays traverse n'épargne personne et la classe politique, tout comme les éléments des forces armées, en sont également victimes. Avec le risque de généralisation des émeutes, même au Burundi, les nuits du chef d'État ne seraient pas tranquilles. De plus, les habitants de la capitale s'apprêtent à célébrer la « fête de la bougie ».