Les contemporains de Tsiranana ont certifié que la décentralisation n'était pas que sur le papier en ce temps-là. « Je l'avoue, étant un simple citoyen, je ne savais pas que ce mot existait. Mais avec le recul, en voyant ce qui se passe actuellement, je me suis rendu compte que les dirigeants de la Première République ont appliqué ce système », témoigne Richard Rinkan, un ancien politicien. À présent, ce mot est prononcé dans les offices publiques, soulevé dans des discours de propagande et dans les transports en commun. Les gens en parlent, mais rares sont ceux connaissent vraiment la définition. En fait, il s'agit d'une « politique destinée à accorder une plus grande autonomie aux régions vis-à-vis du pouvoir central ».
Bon nombre de personnalités politiques déchues pointent du doigt l'Administration. Nostalgiques de leur gloire du passé, ils souhaitent faire table rase de ce qui a été établi jusqu'ici en oubliant qu'ils étaient eux aussi partie prenantes pendant qu'ils occupaient les sièges sans prévoir que celles-ci peuvent les éjecter. À la lumière de ce constat, l'écrivain-romancier malgache Badobadolahy avance son point de vue, «... Cette ambition se déforme en un paradoxe ironique : la centralisation excessive s'installe, et la capitale se mue en « forteresse » de ressources, tandis que le reste du pays se perd dans une lutte pour un développement hypothétique. La « ville des Mille », jadis épicentre d'une île généreuse, devient « l'île de toutes les misères » où la pénurie d'eau potable et les délestages rythmés oscillent entre la norme et l'extravagance».
À la revendication de la décentralisation, s'ajoute une guerre tiède entre les Malgaches, alimentée par les politicards. À chaque évènement, ces derniers manoeuvrent la population à croire que tout est la faute d'un groupe de personnes. Ils narrent des récits truffés de mensonges, songent à de soi-disant héros inexistants dans les livres d'histoire. En effet, cette astuce datant de la nuit des temps est malheureusement encore employée afin de parvenir à leur fin.
Par ailleurs, « le rêve de la décentralisation se transforme en un cercle vicieux où seuls quelques privilégiés détiennent les clés de la capitale. Quant aux autres ? Ils attendent, espérant qu'un jour, ils seront dignes de ce futur promis, en silence ou avec l'humour noir comme ultime compagnon ». Et qu'en est-il de ces organisations festives introduites dans le pays? Ces paillettes colorées et déguisements importés de toutes parts? Ces acharnements sur les réseaux sociaux, véritables tribunaux d'une société frustrée? « À cette vitesse, nous n'irons pas loin », dixit un Raiamandreny inquiet de la situation. La diversité semble être une entrave au développement de Madagascar ! La conscience collective n'est peut-être pas encore éveillée mais, les optimistes espèrent toujours...