Le gouvernement du Ghana a décrété un couvre-feu et a envoyé des troupes militaires et de police dans la ville de Bawku, au nord-est du pays, à la frontière du Burkina Faso et du Togo. Une réponse à des affrontements meurtriers en cours depuis ce dimanche 27 octobre entre deux clans rivaux.
Aucun bilan humain officiel n'a à ce jour été dévoilé après les affrontements dans la ville de Bawku, mais le gouvernement a déploré la perte de « nombreuses vies ». Il y en aurait plus d'une dizaine selon plusieurs médias locaux. Le conflit est provoqué par le retour, à Bawku, d'un chef traditionnel rival.
Figure majeure du groupe ethnique des Mamprusi, Alhaji Seidu Abagre est revenu à Bawku la semaine dernière après plus d'un an d'exil. Un retour permis par l'annulation du mandat d'arrêt émis à son encontre alors qu'il revendiquait illégalement la chefferie de la ville, occupée par un autre groupe, les Kusasi.
C'est ça qui, selon Eliasu Tanko, chercheur et journalistes basés à Tamale, a ravivé des tensions vieilles de plusieurs décennies : « Cela fait près de 40 ans que les Mamprusi n'ont pas été les chefs de la région. Le gouvernement reconnaît lui le chef Kusasi. Alors le retour à Bawku d'Alhaji Seidu Abagre, perçu comme un chef rival, a déclenché ce nouveau conflit. »
Une aubaine pour les djihadistes ?
Des conflits meurtriers entre Mamprusi et Kusasi pour le contrôle de la chefferie éclatent sporadiquement à Bawku, surtout depuis 2021. Un empilement de tension qui, d'après Eliasu Tanko, pourrait faciliter l'installation de djihadistes dans la région : « Les forces de sécurités ne peuvent pas, la plupart du temps, patrouiller des villages aux alentours de Bawku, pour ces raisons de sécurités. S'ils n'y patrouillent pas, les djihadistes peuvent donc utiliser ces endroits comme passages ou retraites. »
Selon un rapport de l'ONU, publié en février 2023, ces conflits de chefferies et interethniques sont des facteurs majeurs du développement de l'extrémisme et de radicalisation dans les régions nord du Ghana.