Une dégradation significative de la qualité de l'air est observée à Antananarivo depuis trois jours. Une exposition à long terme à cette pollution est dangereuse pour la santé.
Signal d'alarme. La ville d'Antananarivo s'asphyxie sous un épais brouillard, chargé de particules nocives pour la santé, depuis trois jours. Les concentrations de particules fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres sont cinq à neuf fois supérieures au seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon le bulletin de surveillance de la qualité de l'air à Antananarivo, établi par la direction générale de la Météorologie, le 29 octobre.
Si ce seuil est de 15 µg/m³, la moyenne journalière des concentrations des particules fines PM 2,5 a été de près de 135 µg/m³ à Soanierana, de près de 120 µg/m³ à Amboditsiry, de près de 100 µg/m³ à Ampandrianomby, de près de 90 µg/m³ à Ambatobe, de près de 80 µg/m³ à Andraharo et de près de 65 µg/m³ à Andranomena, le 28 octobre. « C'est le pic de l'année », a indiqué Zo Rakotomavo, chef du service des Recherches hydrométéorologiques. « Le gaz d'échappement des véhicules est une source de pollution tout au long de l'année. Ce sont les feux de brousse qui accentuent le phénomène », poursuit la source.
L'effet de cette pollution de l'air commence à se faire sentir au niveau des formations sanitaires. « Les maladies respiratoires sont les principaux motifs de consultation actuellement. Beaucoup de nos patients toussent », indique un médecin pédiatre d'un hôpital pour enfants à Antananarivo. Les enfants ne sont plus les seuls à être vulnérables à cette qualité de l'air. Elle est « malsaine pour tout le monde ». « Toute personne peut commencer à ressentir des effets sur sa santé après 24 heures d'exposition. Les individus sensibles pourraient éprouver des conséquences plus graves sur leur santé », selon la direction générale de la Météorologie.
Aucune action
L'exposition à long terme à cette pollution de l'air peut provoquer des maladies pulmonaires, cardiovasculaires et, à la longue, le cancer des poumons. Les Tananariviens sont appelés à redoubler de vigilance. La qualité de l'air ne va pas s'améliorer de sitôt. « Nous avons constaté une légère amélioration ce jour (ndlr : hier), avec les fines pluies qui sont tombées dans quelques quartiers, dans la soirée du lundi. Mais les conditions météorologiques vont redevenir favorables à l'accumulation des polluants. Les concentrations de particules fines dans l'air vont, encore, augmenter mercredi et jeudi. Il faudra des précipitations successives pour nettoyer l'air », explique cet ingénieur de la Météorologie. Des précipitations sont prévues à compter de vendredi, selon les prévisions météorologiques.
Ce problème survient chaque année. Jusqu'ici, aucune action concrète n'a été menée pour le prévenir. Lors de la journée sans pollution, le 5 octobre, le ministère de l'Environnement et du Développement durable a encouragé l'utilisation des véhicules électriques pour purifier l'air. Un véhicule électrique n'est pas à la portée de tous. La diminution de l'usage des véhicules est la mesure la plus appropriée, en optant pour d'autres moyens de transport plus écologiques, comme la bicyclette ou, pourquoi pas, la marche. L'exemple doit venir d'en haut si l'on vise un changement de comportements.