Madagascar monte au créneau contre sa voisine comorienne. À l'origine de ce malaise : le refus d'accostage d'un navire de transport de passagers comoriens dans le port majungais le 16 octobre dernier, pour des raisons sanitaires liées à l'épidémie de choléra. Un motif mis en doute, aux Comores, où l'on reste persuadé que la vraie raison de cette interdiction réside dans l'affaire des 49 kilos d'or saisis et conservés aux Comores depuis 2021 et dont Madagascar en réclame la propriété.
C'est un article daté du 25 octobre publié par la Gazette des Comores, l'un des plus gros quotidiens de l'archipel, qui a vraisemblablement ulcéré la partie malgache. Le média revient sur la décision des autorités malgaches, en date du 16 octobre dernier, de fermer une nouvelle fois leurs frontières maritimes aux navires comoriens, en raison « d'une recrudescence des cas de choléra » dans l'archipel.
Si Moroni a qualifié cette décision de « prétexte injustifié » et de « regrettable malentendu », le quotidien comorien a fait le lien entre cette mesure et la saisie contestée de 49 kilos d'or en provenance de Madagascar, par les douanes comoriennes, en décembre 2021.
Les lingots avaient été retrouvés dans les bagages de deux Malgaches et un Comorien, qui avaient fait le voyage par bateau. Les trois passagers auraient ensuite dû embarquer à l'aéroport international de Moroni pour rejoindre Dubaï en jet privé. Les ressortissants malgaches ont rapidement été extradés vers la Grande île après l'intervention de leur ministre de la Justice. L'or, lui, n'a pas été rapatrié malgré les requêtes successives de la présidence malgache pour le récupérer.
L'or appartiendrait « au beau-père du président malgache »
Mais ce qui a véritablement déclenché les hostilités, c'est le fait que le quotidien signale que cet or appartiendrait « au beau-père du président malgache, selon les négociateurs malgaches ». Une information rapidement démentie par le concerné dans un droit de réponse publié par le quotidien.
La porte-parole du gouvernement malgache et ministre de la Communication a de son côté ordonné à la Gazette des Comores de « rectifier formellement ce point précis de l'article ». Le gouvernement comorien, lui, joue l'apaisement, et n'a pas réagi de manière officielle à ces bisbilles.
Dans les rues de la capitale, en revanche, on se moque de la tournure que prend cette affaire et des réactions jugées disproportionnées du gouvernement malgache. « Si tout était faux », commentent des observateurs, « alors pourquoi réagir comme ça ? »