Le football tunisien vit assurément une période noire. La polémique autour du stade de Medjez El Bab est un exemple entre autres.
Au lendemain du communiqué annonçant le choix du terrain de Medjez El Bab, ceux qui étaient les plus inquiets, ce sont bien les médecins des deux équipes, les kinésithérapeutes, et bien entendu les préparateurs physique et... les assurances. Les entraîneurs broyaient sans aucun doute du noir, mais ils prenaient garde de l'exprimer. Il fallait donner quelques conseils pour que les duels soient contrôlés et les interventions calculées.
Le terrain, pour des équipes professionnelles, dont les joueurs coûtent des millions, était injouable. Il y a quand même des imprudences à ne pas commettre. Des risques à ne pas prendre. Une blessure plus ou moins grave aurait immobilisé la victime durant un bon bout de temps. D'où la nécessité de protéger les joueurs à n'importe quel prix.
Risques énormes
Peut-on considérer que ceux qui ont choisi ce terrain avaient tenu compte de ces impondérables et ont considéré tout froidement que les deux équipes étaient dans la même situation ? Effectivement, les deux formations auraient pu subir des préjudices et lorsqu'on estime que l'on est en mesure d'imprimer à cette compétition un rythme acceptable, on ne peut se permettre de jouer à cette loterie. Les risques étaient énormes et il nous semble que l'on devrait prendre les précautions qui s'imposent, pour éviter aux joueurs et aux équipes ces risques inutiles. Le terrain de Béja est en réfection. C'était un des meilleurs et on avait du plaisir à y jouer.
Comment s'est-il détérioré ?
Il faudrait poser la question à ceux qui étaient chargés de sa gestion. Nul doute que la charge de travail auquel il était soumis, en l'absence d'un terrain annexe et d'une véritable « gazonnière » pour l'entretenir, a fini par le ronger. Les Béjaois ne sont pas au bout de leurs peines, étant donné que nous avons appris qu'on criblait encore la terre végétale et qu'on attendait le moment propice pour répandre les semis choisis. Le terrain ne sera de ce fait jouable qu'après un certain temps. Pas avant que le tapis ne soit assez épais, résistant pour éviter une détérioration qui fausserait tous les calculs.
Vont-ils encore jouer à Medjez El Bab ? Comment imaginer qu'un leader de la compétition devienne une équipe erratique sans domicile fixe ?
Une fédération disloquée, sous tutelle, une trésorerie à genoux, une désaffection de certains joueurs internationaux qui donnent l'impression d'offrir une fleur à leur fédération en venant jouer à crédit, des arbitres qui se mettent en évidence en faisant grève (c'est leur droit et leur employeur est responsable de cette situation de rupture, mais...), une dégringolade dans le classement Fifa, le football tunisien vit assurément une période noire.
Conséquence du pouvoir personnel qui a régné durant de longues années et du milieu ambiant qui fait de notre compétition un traquenard duquel il est difficile de se soustraire.