La mesure du transport gratuit pour tous, annoncée le 1er-Mai, figure bel et bien dans le manifeste électoral présenté par l'Alliance du changement, hier. De son côté, l'Alliance Lepep propose des déplacements gratuits pour les veufs et veuves, sans aucun frais pour eux. Les parties concernées par ces mesures préfèrent cependant attendre le verdict des urnes avant de se prononcer sur la question car pour l'instant, ce ne sont encore que des promesses électorales.
Alain Kistnen, secrétaire de l'Union of Bus Industry Workers, considère que la gratuité des transports est une idée intéressante et déjà discutée dans le passé. Selon lui, un livre blanc avait même été présenté sur le sujet, bien avant cette proposition. «La General Workers Federation (GWF) avait anticipé cette initiative. Aujourd'hui, certains aspects de ce document mériteraient une révision mais je pense qu'il serait tout à fait possible de le mettre à jour et de l'appliquer.» Il indique que des discussions sur cette question ont déjà eu lieu avec certains propriétaires et directeurs de compagnies d'autobus, qui ont partagé leurs points de vue à ce sujet.
La question qui se pose est celle des modalités d'une telle mesure, notamment en ce qui concerne la gratuité des transports pour tous. «Les directeurs voient les avantages d'une telle mesure car elle permettrait de réduire le nombre de taxis, vans et voitures illégaux opérant comme taxi-train. Cela représente un manque à gagner pour eux. De plus, sans argent à manipuler pour le paiement des courses, le personnel pourrait travailler en toute tranquillité, sans craindre d'éventuelles attaques.»
Cependant, la question de l'avenir des employés se pose car les postes de receveurs pourraient devenir obsolètes. «Il est normal que les travailleurs s'inquiètent pour leur avenir. Cette crainte avait également émergé lors du lancement du métro car certains y voyaient une menace pour leur emploi. Finalement, on a réussi à garantir que personne ne perde son poste.» Alain Kistnen recommande que ce dossier soit discuté autour d'une table ronde et que tout soit fait dans la transparence. «Il est essentiel d'écouter le public, les travailleurs et les directeurs et de réfléchir posément pour mettre en place cette initiative.»
Même Shameem Shahaduth, de l'Association of School Bus Owners, n'a aucune objection concernant la gratuité du transport. «Ce n'est pas un problème. Le plus important pour nous est de pouvoir travailler librement. Nous ne demandons pas d'aide au gouvernement car avec notre activité, nous créons également des emplois. Nous demandons seulement qu'on nous laisse travailler.» Il explique qu'il a eu l'occasion de s'entretenir avec le ministre sortant des Transports, Alan Ganoo, deux mois avant la dissolution du Parlement. «Nous lui avions soumis plusieurs demandes comme celle de retirer de notre permis l'obligation de spécifier le nom de la compagnie pour laquelle nous travaillons. Cela nous permettrait de faire une course pour transporter les travailleurs le matin, puis, en attendant de les ramener chez eux, de prendre d'autres courses entre-temps.»
Une demande a également été formulée pour leur permettre de transporter des passagers jusqu'à l'aéroport avec leurs vans. «Nous n'avons pas besoin de gratuité, juste de la liberté de faire notre travail.» Par ailleurs, Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors' Union, se montre catégorique. «Le gouvernement sortant avait-il conscience de l'existence d'une catégorie de chauffeurs de taxis dans l'industrie du transport ? Il a distribué des patentes à tout-va. Je ne dis pas qu'il ne fallait pas en octroyer mais pas de cette manière et pas en aussi grand nombre. Tout devait être fait dans le respect de la loi.» Il reproche également au gouvernement sortant son manque de dialogue avec la communauté des taxis. «Que voyons-nous aujourd'hui ? Rien n'a été prévu pour les taxis dans les mesures de l'Alliance Lepep. Nous allons lire ce que l'Alliance du changement propose.»
Raffick Bahadoor a aussi vivement critiqué Linion Reform, rappelant que l'ancien ministre des Transports, Nando Bodha, fait partie de cette équipe. «Regardez où nous en sommes, aujourd'hui, à la gare Victoria à Port- Louis. Les bus et les taxis ont été retirés et remplacés par des magasins...».