A l'initiative de la délégation de l'Union européenne au Congo, en partenariat avec l'ambassade de France et l'association Human empress, il s'est tenu le 30 octobre à Kinkala, dans le département du Pool, la 6e édition des Rencontres citoyennes des jeunes sur le thème « Paysans et fiers de l'être : quand les jeunes s'engagent dans l'agriculture durable et innovante ».
Après Brazzaville, Pointe-Noire et Owando, le tour est revenu cette fois-ci à la localité de Kinkala où le potentiel agricole et numérique a été mis en avant. Les Rencontres citoyennes des jeunes sont des moments d'échanges et de partages initiées depuis le mois de mai de cette année par la Délégation de l'Union européenne au Congo avec ses partenaires en vue d'écouter cette couche de la société et mieux formuler son accompagnement et ses actions à son endroit.
« L'idée de ces rencontres n'est pas juste d'écouter les jeunes, mais aussi d'essayer de voir comment on peut transformer leurs préoccupations et les prendre en compte dans notre portefeuille d'appui au développement ici au Congo. Cette initiative s'inscrit aussi dans le cadre de l'année de la jeunesse qui a été programmée par le président de la République, Denis Sassou N'Guesso », a déclaré Torben Nilsson chargé d'affaires a.i à la Délégation de l'UE-Congo.
Sous la modération de Laura Tchicaya, six jeunes agriculteurs et entrepreneurs agro-écologistes ont partagé leurs parcours, leurs motivations, les opportunités ainsi que les défis qu'ils rencontrent dans ce domaine. Marelle Miafouna, Roglan Moutoho, Exaucée Nkaya, Pierre Makoumbou, Arnaud Darel Makoto et Elohim Orion Kanza wa Kanza sont des jeunes qui se sont engagés dans l'agriculture depuis quelques années et aujourd'hui ils témoignent à suffisance que grâce à leur passion et leur détermination, c'est possible de réussir dans ce secteur. De leurs interventions, il en ressort plusieurs points positifs, notamment la capacité de l'agriculture à pourvoir considérablement en aliment et en emploi, surtout lorsqu'elle s'associe aux nouvelles technologies.
Dans ce contexte, Exaucée Nkaya, coordonatrice adjointe du projet Agritech et initiatrice du projet Aqua smart, a souligné que l'agriculture est un secteur-clé pour la vie et les agriculteurs pourraient le faire de façon plus simple grâce aux nouvelles technologies et de façon plus responsables et durables pour la protection de l'environnement. « Les tâches que l'agriculteur avait pour habitude de faire à répétition, nous pouvons les automatiser avec des systèmes d'irrigation à lancer avec notre smartphone depuis notre maison ou dans notre site agricole. Nous pouvons aussi reconstituer les conditions afin de réaliser des cultures hors-saisons », a-t-elle souligné.
Au regard de leurs parcours, ils ont affirmé que la réussite scolaire ne rime pas toujours avec la réussite de la vie. Une manière d'encourager la réinsertion professionnelle de la jeunesse. À ce propos, Pierre Makoumbou a témoigné qu'à travers son ONG Kabu basée à Kinkala, plusieurs filles mères et jeunes garçons analphabètes ont pu acquérir des compétences et postuler pour des emplois dans le domaine de l'informatique, du multimédia et de la robotique.
Des témoignages édifiants
En partageant leurs témoignages et les défis auxquels ils ont fait face, ces jeunes agriculteurs et entrepreneurs invitent ceux qui hésitent encore à emboîter le pas. Même s'il faut commencer avec peu de financement. Marelle Miafouna a dit avoir débuté par l'élevage des poussins tout en faisant de petits commerces. Elle a avoué avoir été victime de railleries. Mais aujourd'hui elle ne regrette pas d'avoir suivi son coeur car, grâce à ses activités, elle arrive à subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille.
Pour Edwige Ndembeka, maire de Kinkala, « la jeunesse congolaise ne devrait pas se sous-estimer parce qu'elle a du potentiel. Tout le monde n'est pas appelé à travailler à la Fonction publique. Donc oui, nous devrions penser à des secteurs comme l'agriculture qui est très riche. La terre, c'est pour tout le monde et nous avons de grandes étendues qui ne cherchent qu'à être défrichées.
Par la même occasion, nous remercions nos partenaires qui travaillent avec le gouvernement afin d'aider les jeunes à sortir de l'oisiveté ». Selon Tristan Thomas chargé de mission Société civile à l'ambassade de France, ces initiatives portées par les jeunes sont très louables et de tels moments d'échanges demeurent cruciaux pour déclencher des dynamiques pratiques et concrètes.
« Cette rencontre citoyenne a été très bénéfique pour moi et m'a permis de changer ma perception sur l'agriculture. Pour moi, il était inconcevable d'être agricultrice avec tous mes diplômes. Mais aujourd'hui voir des jeunes diplômés qui ont choisi l'agriculture comme métier est très encourageant. Aussi, j'ai retenu deux choses essentielles. La première, dans la vie il ne faut pas toujours avoir l'idée de commencer grand mais plutôt avec ce qu'on a parce qu'il est possible de faire de grandes choses avec peu. Autre chose, je ne dois pas me fixer sur ce que les gens peuvent dire. Aussi longtemps que je suis déterminée dans ce que je suis en train de faire, c'est l'essentiel », a déclaré Verdat Engoumbe, participante.
Notons que ce rendez-vous des Rencontres citoyennes des jeunes à Kinkala a été meublé par une exposition de produits agricoles des paysans de cette localité. Aussi, il a coïncidé avec le lancement de la nouvelle campagne de communication de l'Union européenne au Congo « Notre voix, notre futur ». Jusqu'à la fin de l'année, cette initiative donnera la voix à la jeunesse de s'exprimer en vue de susciter des actions qui contribuent à son bien-être, à son épanouissement ainsi qu'au développement du Congo.