Dakar — La Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP), invite les acteurs communautaires et les médias en particulier, à s'imprégner de la réalité et de la gravité de la traite des personnes en Afrique et au Sénégal, a déclaré son secrétaire permanant; Mody Ndiaye.
"Il est important que l'ensemble des acteurs, y compris les portions des médias, s'imprègnent de la réalité de la traite des personnes en Afrique et au Sénégal. La question de la traite des personnes est une question extrêmement grave, puisqu'elle constitue une des formes de criminalité les plus violentes au monde", a-t-il dit.
Mody Ndiaye participait à un atelier de formation des professionnels des médias sur la traite des enfants.
Il a souligné que la traite des personnes est "un sujet lié à des vies bafouées, à des vies brisées, à des drames humains qui se déroulent sous nos yeux, souvent avec notre complicité passive ou active".
"Aucun pays, aucune région n'échappe, ne fait exception à ces formes de criminalité qui gangrènent les Etats et qui brisent des vies humaines", a-t-il fait valoir.
"Nous inscrivons ainsi cet atelier dans le cadre de notre plan d'actions avec comme principal axe, l'enjeu de la connaissance. Nous ne pouvons pas combattre une criminalité que nous ne connaissons pas, nous ne pouvons pas parler d'un fait que nous ne connaissons pas", a-t-il expliqué.
Mody Ndiaye dit être convaincu que "la grande difficulté à laquelle est confrontée la plupart des acteurs, c'est d'identifier la traite des personnes", une pratique qui a des conséquences dramatiques. "L'identification, la poursuite et la répression contre la traite sont encore insuffisantes", a dénoncé le secrétaire permanant de la CNLPT.
"Il faut une réelle volonté politique pour éradiquer la traite des personnes"
Aminata Kébé, spécialiste des droits de l'homme au Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'Homme au Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest, déclare constater "une recrudescence de cette problématique de la traite des personnes, surtout chez les enfants, et les migrants".
Selon elle, "la population n'est pas bien informée de ce qu'est exactement la traite des personnes, le trafic des migrants". Une situation rendue plus difficile par "l'inexistence de chiffres" se rapportant à ces pratiques et le caractère "compliqué et complexe" du sujet. Mais en dépit de l'absence de données, elle estime que le phénomène est "visible", citant la mendicité forcée des enfants en exemple. Il s'agit là, a-t-elle dit, d'une "forme de traite", à cause de l'exploitation des enfants".
Mme Kébé a rappelé qu'une étude du CDLP a montré qu'il y a 30. 000 enfants talibés à Dakar. "Imaginez vous ces 30 000 talibés, si chaque talibé vient avec 500 francs par jour. Ça fait 15 millions de francs par jour. Et sur l'année, ça fait presque 5 milliards francs par an. Vous voyez ce que ça donne. Donc, c'est vraiment une forme de traite", se désole la spécialiste des droits de l'homme.
Ainsi, elle invite les Etats, à prendre en main cette question. "Il est important que les Etats prennent en charge de manière plus importante cette problématique pour l'éradiquer. Il faut vraiment une réelle volonté politique pour éradiquer cette question là", a insisté Aminata Kébé.
Ouvert mardi à Dakar l'atelier à pris fin ce mercredi.