Dakar — Les craintes concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les systèmes éducatifs ne sont pas d'ordre technologique, mais philosophique, économique et politique, a soutenu l'expert en numérique et en intelligence artificielle Bastien Mass.
"Il y a plusieurs questions qui se posent par rapport à l'usage du numérique, notamment l'intelligence artificielle, et il peut y avoir des exigences parce que l'éducation est un puissant outil de développement, d'intérêt, qui peut être créatif mais qui a des limites", a-t-il souligné.
"Les pays africains partagent tous les mêmes besoins de comprendre ce qu'il y a derrière l'IA", a relevé cet expert, délégué général de "Class Code", une association produisant des ressources éducatives libres pour les enseignants sur les thématiques numériques et l'apprentissage de codes.
Bastien Mass, également associé à la chaire UNESCO en charge de l'intelligence artificielle, a récemment participé à un séminaire sur les compétences numériques et l'intelligence artificielle (IA) pour les enseignants et les élèves des régions francophones et lusophones d'Afrique.
Cette rencontre, qui a pris fin mercredi à Dakar sous l'égide de l'Unesco, portait sur les moyens d'intégrer les compétences numériques et l'IA dans les curricula scolaires pour mieux préparer les jeunes aux exigences du 21e siècle.
"Avec les outils du numérique, particulièrement l'IA, on a sans doute un intérêt à pouvoir repenser la manière dont on fait l'éducation, de sorte qu'elle soit plus directe, plus engageante, plus créative pour les élèves", a soutenu Bastien Masse, dans un entretien avec l'APS.
L'IA, dit-il, "offre des possibilités immenses" pour la production de "ressources libres avec des contenus simples, accessibles, modernes, ludiques pour expliquer et essayer de rendre les cours plus plaisants en un temps très court".
Avec la chaire UNESCO sur l'IA, des contenus sont élaborés également sous forme de guide pour permettre aux enseignants d'aborder ces thématiques, a-t-il signalé.
"Ce qu'on veut leur donner, ce sont des concepts scientifiques qui sont la base pour avoir un positionnement, pour se faire une idée. Ce qu'on ne veut pas, c'est que les enseignants soient juste réfractaires, qu'ils aient peur du changement ou qu'ils soient dans l'ignorance", a-t-il souligné.
Le but poursuivi, c'est d'apporter aux enseignants "un contenu neutre, scientifique qui leur permet de se faire une idée et de faire un choix éclairé".
Sur la pratique des outils d'intelligence artificielle, il a expliqué que c'est à partir du collège et plus particulièrement du lycée que les élèves devraient être initiés, par qu'au primaire, les apprenants ont encore à construire "toutes les compétences intellectuelles" dont ils ont besoin "pour apprivoiser ces outils technologiques notamment l'esprit critique".
Il a expliqué que "Class Code", dont il est le délégué général, est une association collégiale regroupant une trentaine de structures parmi lesquelles des universités, des laboratoires, des fédérations d'éducation populaire.
Elle compte aussi des enseignants produisant des contenus qui peuvent servir aux enseignants sous forme d'activités à faire en classe, selon Bastien Masse.
Des contenus qui peuvent être également sous forme de guide permettant aux enseignants d'aborder ces thématiques
Le séminaire sur les compétences numériques et l'intelligence artificielle (IA) pour les enseignants et les élèves des régions francophones et lusophones d'Afrique a enregistré la participation de 25 pays.
La rencontre, dont l'ouverture a été présidée lundi par le ministre de l'Education nationale, Moustapha Guirassy, a été initiée par le centre "Kix Africa 21 Hub", composé de l'Agence universitaire de la Francophonie et de l'Institut de la Francophonie pour l'éducation et la formation.
La Conférence des ministres francophones de l'éducation (CONFEMEN) en est aussi partie prenante.