Le contexte actuel ou alors l'étape actuelle de l'évolution politique du Cameroun, permet à nombre de nos compatriotes, de s'adonner à toutes sortes d'intrigues, d'inquisitions, d'interprétations, d'imaginations et de supputations, avec les mêmes desseins d'ébranler les institutions de la République.
Certains le font directement en assumant la responsabilité de leurs actes et démarches, pendant que d'autres agissent sournoisement, sans courage d'assumer, et utilisent divers cercles et individus extérieurs. Rappeler qu'il faut être vigilant n'est pas suffisant, tant le complot participe d'une stratégie maladroite et funeste de rouleau compresseur. Leur logique c'est de séduire, d'emporter et d'absorber les esprits fragiles qui confondent vitesse et précipitation, vérités et humours morbide.
Notre compatriote, le magistrat Philippe Camille Akoa, Directeur général du FEICOM depuis de nombreuses années, était candidat parmi beaucoup d'autres originaires de diverses régions, pays et continents, au poste de Directeur exécutif d'ONU Habitat, une des institutions spécialisées de l'ONU. Bien que sa candidature ait été solidement soutenue par le Gouvernement de notre pays, elle n'a pas pu prospérer jusqu'à la victoire. C'est donc le candidat d'un autre pays, le Brésil, qui a été retenu. Le reste appartient aux usages connus des acteurs.
A propos de cet événement malheureux, « Jeune Afrique » écrit : pour une raison mystérieuse, le pouvoir de Yaoundé, a, cette fois encore, entravé l'ascension aux hautes sphères de l'un des siens. Il y a véritablement lieu de s'interroger sur les motivations de ce journal qui en dépit de tout, demeure une référence importante sur le continent dans le domaine de la presse, en dépit des réserves légitimes.
La présente affaire procède tout simplement d'une regrettable contre-vérité. A en croire ce qui est écrit, nous aurions soutenu ou fait semblant de soutenir notre candidat, pour ensuite le trahir, organiser son échec. Il est important de rappeler, pour la compréhension de chaque profane, que le processus de compétition dans la fonction publique internationale, et particulièrement dans l'administration à tous les niveaux des institutions spécialisées et des agences du système des nations unies, est complexe, long, exigeant et tributaire de multiples paramètres.
En réalité rien n'est jamais définitivement acquis, quels que soient les moyens investis, les stratégies, le profil et les Etats impliqués, petites et grandes. Les paramètres sont nombreux, et chaque choix est susceptible d'être impacté directement ou indirectement.
Il y a quelques années, le professeur Maurice Kamto, alors Ministre délégué auprès du ministre de la justice, avait manqué de peu d'être élu juge à la Cour internationale de justice de La Haye. Alors que nous étions pratiquement certains de la victoire, c'est un candidat moins puissant, moins qualifié, d'un pays franchement moins connu et moins respecté que le nôtre sur la scène diplomatique planétaire, qui avait été élu. L'éminent juriste et membre du gouvernement, avait pourtant bénéficié, quelque chose de rare, du soutien, de l'implication et de l'accompagnement personnels très forts, du président de la république.
En effet celui-ci l'avait emmené avec lui dans les grands sommets mondiaux où il l'avait présenté comme son fils et imploré le soutien pour sa candidature. C'est juste un cas parmi tant d'autres, comme cela est récurrent, à l'occasion des multiples choix dans les administrations publiques internationales. C'est l'occasion aussi de certains règlements des comptes entre les Etats, des chantages, des promesses réelles ou fictives. Les jeux et les enjeux deviennent fluctuants et imparfaits.
Aussi, ce que vient d'écrire ce journal est d'autant plus curieux, choquant et contraire à l'éthique primaire, que nous venons de placer un des nôtres sur le plus haut perchoir de la diplomatie mondiale, la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU. Depuis janvier, d'autres compatriotes ont été triomphé ailleurs, sans grands bruits ni tambours. Certes, on peut s'interroger sur notre stratégie globale en la matière, en somme le positionnement international de nos compatriotes, mais de là à soutenir que nous avons ouvertement et explicitement cassé ou trompé notre propre candidat, n'est ni honnête ni juste.
C'est inacceptable. Dans le processus diplomatique, des négociations peuvent se dérouler sur un poste, et aboutir à des renonciations voire à des trocs qui échappent à la curiosité des journalistes, y compris parfois des candidats eux-mêmes. Il arrive qu'un poste soit laissé à un autre candidat, ou qu'un candidat se voit écarté au dernier moment, dans l'intérêt de son pays. On peut alors le voir plus tard rebondir ailleurs, en mieux, ou encore, retrouver une promotion équivalente avec un rôle et des responsabilités bien plus enviés.
L'embêtant c'est que le journaliste en charge de notre pays dans ce journal est un Camerounais, et sa plume commence à donner l'impression légitime, qu'il travaille pour des camps retranchés. Il n'y a pas en effet meilleur moyen de semer la zizanie et la révolte chez les citoyens, que d'écrire ce que je dénonce comme une provocation. Nous aspirons tous à des mutations positives dans notre pays, voire à une gouvernance nouvelle, et chacun est libre de faire connaître ses opinions. Mais, user du sabotage et des allégations troublantes de cette nature pour y parvenir, n'est pas élégant. Quand c'est trop c'est laid./.