Rabat — Le président français Emmanuel Macron a achevé, mercredi, une visite d'Etat de trois jours à Rabat marquée une volonté de donner une nouvelle impulsion aux relations entre le Maroc et la France à travers la signature de 21 contrats dans des secteurs stratégiques, la Déclaration relative au "Partenariat d'exception renforcé" et surtout la réaffirmation devant les élus de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte Macron, a quitté Rabat, mercredi après-midi, au terme d'une visite d'Etat dans le royaume à l'invitation du roi Mohammed VI.
A son départ de l'aéroport de Rabat-Salé, M. Macron a été salué par le chef du gouvernement marocian, Aziz Akhannouch.
S'adressant à la communauté française, plus tôt dans la journée de mercredi, Emmanuel Macron a déclaré que les deux pays ont la capacité d'affronter les temps qui viennent parce qu'ils ont un partenariat sincère et équitable à bâtir, et qui repose sur la jeunesse à travers la formation, la culture, l'industrie et la technologie.
Il a indiqué que la France et le Maroc avaient décidé de nouer un "partenariat renforcé" pour lutter contre "l'immigration clandestine".
"Nous voulons, Maroc et France ensemble, lutter contre toutes les formes de trafics, lutter contre l'immigration clandestine et les filières qui l'exploitent, lutter contre la criminalité organisée, lutter contre le narcotrafic parce qu'il affaiblit les deux rives de la Méditerranée, parce qu'il sape la confiance dans nos deux pays", a dit le président français.
Emmanuel Macron dit espérer que cette visite sera "un moment inoubliable", remerciant le roi Mohammed VI qui, selon lui, a accordé une attention à chaque détail de cette visite. "C'était important pour nous", a-t-il souligné.
"Nous avons ouvert un nouveau livre, les premières lignes sont écrites, c'est vous qui allez faire le reste (...), faites-le avec la force des années passées, les souvenirs les plus difficiles, avec la confiance que vous portez ici, mais qui se nourrit d'une amitié que rien n'arrête"', a-t-il ajouté en s'adressant à ses compatriotes.
Lors de cette visite, la première d'un président français depuis 2018, le Maroc et la France ont signé vingt-et-deux accords dans des secteurs portant sur les domaines ferroviaires, les énergies, l'aviation, la sécurité, la protection de l'environnement, le sport, l'hydraulique, l'enseignement, la culture, l'écosystème de l'industrie culturelle et créative et des jeux vidéos, la création d'un accélérateur d'investissement Maroc-France, la décarbonation, la transition énergétique.
Les deux parties ont également signé le protocole d'accord relatif à l'extension de la deuxième phase du parc éolien de Taza ; le protocole d'accord entre CMA-CGM et Tanger ; le protocole d'accord relatif au centre de recherche franco-marocain (CRFM).
A Rabat, Mohammed VI et Emmanuel Macron ont signé la Déclaration relative au "Partenariat d'exception renforcé" entre le Maroc et la France. Selon le texte de cette Déclaration, les deux chefs d'Etat "ont décidé (...) d'écrire un nouveau chapitre dans la longue histoire entre la France et le Maroc, en portant la relation entre les deux pays au niveau d'un +Partenariat d'exception renforcé+".
S'exprimant devant le parlement marocain, le président français a défendu "le présent et l'avenir du Sahara" dans "le cadre de la souveraineté marocaine", réaffirmant une position affichée dans son message adressé à Sa Majesté le roi Mohammed VI, à l'occasion du 25ème anniversaire de la Fête du Trône.
'Je le réaffirme ici devant vous. Pour la France, le présent et l'avenir de ce territoire s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue", a déclaré le chef d'Etat français qui s'exprimait devant les deux chambres du parlement au deuxième jour de sa visite d'Etat sous un tonnerre d'applaudissements.
Il a également estimé que le plan marocain d'autonomie du Sahara, qui date de 2007, était "la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité" de l'ONU.
S'exprimant lors d'un point de presse à l'issue de ses entretiens avec le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a évoqué l'avènement d'une "nouvelle phase" et d'une "nouvelle étape" pour cette relation "si profonde et si riche' entre le Maroc et la France.
Il a souligné que la Déclaration relative au "Partenariat d'exception renforcé" entre le Maroc et la France, signée lundi par le roi Mohammed VI et le président Emmanuel Macron, définit les principes qui vont guider cette nouvelle étape et précise la gouvernance et les secteurs clés de ce partenariat, outre le champ territorial d'application.
Cette Déclaration va orienter "notre action à l'avenir", a dit le chef de la diplomatie marocaine.
Concernant le Sahara marocain, M. Bourita a salué la publication sur le site officiel du Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères) de la carte officielle du royaume du Maroc intégrant son Sahara et l'élargissement de la circonscription consulaire française pour couvrir les provinces du Sud du royaume.
Il a estimé que "la France, de par son rôle au sein du Conseil de sécurité et sa connaissance de la genèse et de l'évolution de ce conflit, a un rôle important à jouer dans ce cadre".
Pour le ministre français des Affaires étrangères et de l'Europe, le roi Mohammed VI et le président Emmanuel Macron ont posé les fondements d'une "véritable refondation du partenariat stratégique" entre les deux pays.
"C'est là l'ambition de la Déclaration qu'ont signée les deux chefs d'État lundi soir, celle de construire et décliner dans tous les domaines un partenariat d'exception renforcé, avec trois grands objectifs", a dit Jean-Noël Barrot.
La relation entre le Maroc et la France "est ancrée dans une mémoire partagée et un héritage commun", a souligné le chef de la diplomatie française, faisant état de quelque 700 000 Marocains vivant en France et près de 80 000 Français au Maroc.
Sur le plan économique, la France est le premier investisseur au royaume avec plus de 1 000 filiales de ses entreprises qui contribuent à près de 150 000 emplois, et le Maroc s'érigeant en premier investisseur africain dans l'Hexagone, a-t-il fait part.
Jean Michel Barrot a souligné la nécessité de se tourner vers l'avenir avec "ce partenariat si riche", marqué par la signature de 22 accords bilatéraux, au premier jour de la visite du président Macron.
Pour sa part, la ministre marocaine de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, a salué une "dynamique positive" entre les deux pays qui témoigne de "la vigueur des relations économiques, mais aussi de la volonté commune d'aller encore plus loin".
"Nous voulons intensifier nos projets, notamment dans les secteurs d'avenir comme les technologies de l'information, la mobilité durable, l'agro-industrie, et la santé", a dit la ministre lors de la rencontre entrepreneuriale Maroc-France dédiée aux secteurs stratégiques d'avenir.
"Avec la France, nous avons l'opportunité unique de construire ensemble un nouveau modèle de coopération économique, fondé sur la coo-pétition, c'est-à-dire la coopération tout en maintenant une saine compétition", a-t-elle souligné.
Elle a également mis en exergue l'ambition africaine forte du royaume, réaffirmant que "l'avenir de nos nations se joue aussi sur le continent africain".
Selon elle, les échanges commerciaux entre le Maroc et la France ont atteint 163,1 milliards de dirhams (MMDH) en 2023, en hausse de 2,8% par rapport à 2022 et de 34% par rapport à 2019.
La France est le deuxième partenaire commercial du Maroc, représentant 14,2% du total des échanges, et est classée deuxième client (20,3%) et troisième fournisseur (10,6%).
Du côté des investissements directs étrangers (IDE), la France a investi 11,3 MMDH au Maroc en 2023, tandis que les investissements marocains en France ont atteint un niveau record de 15,1 MMDH en 2023, soit une augmentation de 28% par rapport à l'année précédente.