En Tunisie, un doctorant français en sciences politiques a été arrêté et est détenu depuis le 19 octobre sur ordre de la justice militaire. Un mandat de dépôt a été émis à son encontre. Le jeune homme est accusé « d'atteinte à la sûreté de l'État ».
Voilà douze jours que Victor Dupont a été arrêté en Tunisie. Âgé de 26 ans, le jeune homme a d'abord été placé en garde à vue pendant 48 heures avant qu'un mandat de dépôt ne soit émis. Pendant tout ce temps, ses proches et la diplomatie ont préféré taire l'affaire, souhaitant négocier sa libération auprès des autorités tunisiennes dans la discrétion.
Doctorant rattaché à l'Université d'Aix-Marseille et travaillant notamment sur les diplômés-chômeurs dans la Tunisie post-révolutionnaire, le chercheur s'était rendu à plusieurs reprises dans les régions déshéritées du nord-ouest du pays. Il était arrivé en Tunisie une dizaine de jours avant son arrestation pour mener des entretiens.
« Ce n'est pas un sujet politique lié aux dissidents ou opposants, ce n'est pas un sujet sécuritaire, c'est un sujet sociologique classique », a insisté auprès de l'AFP Vincent Geisser, directeur de l'Institut de recherches et d'études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam), rattaché à l'Université Aix-Marseille, en plaidant pour sa libération.
Un réquisitoire classique
Victor Dupont est désormais accusé « d'atteinte à la sûreté de l'État ». Un réquisitoire classique en Tunisie où des dizaines d'opposants, militants, avocats ou journalistes ont été arrêtés et détenus pour des suspicions de complot contre l'État ou encore intelligence avec l'étranger.
Dans ses discours, le président Kaïs Saïed - qui vient d'être réélu au terme d'une présidentielle controversée - fait d'ailleurs fréquemment référence aux complots ourdis depuis l'étranger contre son pays.
La particularité du cas de Victor Dupont réside donc dans le fait qu'il soit français. Une de ses amies, elle aussi française, a été arrêtée en même temps que lui. « Il y a une totale mobilisation des services diplomatiques français », a souligné Vincent Geisser à l'AFP. Face à ce contexte qui se tend, certains médias et institutions en Tunisie ont décidé de geler, jusqu'à nouvel ordre, leur recrutement de personnel étranger.