Face au délestage actuel, l'essentiel des finances publiques sera mobilisé pour faire fonctionner à plein régime tous les groupes thermiques qui approvisionnent le RIA. Comme solution durable, l'État compte installer, d'ici un an, un total de 70 mégawatts de parcs solaires pour Antananarivo.
Sauver la Jirama à tout prix. Pour y parvenir, l'État et les contribuables vont donc payer le prix fort. Comme indiqué par Andry Rajoelina, président de la République, hier, le gros des finances de l'État sera affecté à la résolution de la crise énergétique.
L'annonce a été faite par le chef de l'État durant une descente qu'il a effectuée, hier, sur les sites de production d'électricité, à Ambohimanambola. Pour mettre un terme durablement au délestage et "sauver la Jirama", l'essentiel du budget d'investissement public de l'État dans le projet de loi de finances 2025, sera destiné au secteur énergétique. Le but final est aussi d'en finir avec les subventions récurrentes pour maintenir en vie l'entreprise.
Le Président confirme que l'énergie solaire est l'option privilégiée pour solutionner rapidement la crise énergétique, notamment, à Antananarivo. Andry Rajoelina l'a réitéré, hier. L'État compte installer 1 000 mégawatts de centrales solaires sur l'ensemble du territoire, dont 250 mégawatts avec ses fonds propres. Sur ces 250 mégawatts financés par l'État, 100 mégawatts seront destinés au RIA. Les 70 premiers mégawatts seront disponibles d'ici fin octobre 2025.
L'installation de ces 70 mégawatts se fera en deux projets. Le premier démarrera la semaine prochaine, selon le Président. Il s'agira d'un parc solaire de 20 mégawatts. Le second projet est un parc solaire flottant de 50 mégawatts à installer sur le lac Iarivo, à Ivato. "Ce sera le plus grand parc solaire flottant d'Afrique. Il doit impérativement être installé d'ici un an", affirme le président de la République.
Sabotage ?
Toujours dans le cadre des investissements pour sauver la Jirama, l'État compte accélérer les projets de construction de centrales hydrauliques, en partenariat avec des investisseurs étrangers. Une autre des décisions annoncées, hier, est l'installation d'ici le début du mois de mai, de la nouvelle centrale thermique de la Jirama de 105 mégawatts. Elle fonctionne au fuel lourd et est aussi destinée pour le RIA.
Dans l'immédiat, cependant, la mobilisation générale des deniers publics aura pour but de réduire autant que possible le délestage dans le RIA. Une réduction à 80% des coupures est l'objectif annoncé, avec comme priorité qu'il n'y ait plus de coupure entre 6 heures et 22 heures, soit les heures d'activités de la majorité des usagers. Afin d'y parvenir, tous les groupes thermiques, notamment, les deux Turbines à combustion (TAC), d'Ambohimanambola seront exploités au maximum.
Comme l'avoue Andry Rajoelina, la décision d'activer les TAC pour renforcer la production d'électricité est "un sacrifice douloureux". Pouvant produire jusqu'à 30 mégawatts, les TAC nécessitent jusqu'à 300 millions d'ariary en carburant, pour cinq heures d'utilisation par jour. L'État doit ainsi mobiliser environ 9 milliards d'ariary par mois pour pouvoir faire fonctionner les TAC qui, par ailleurs, appartiennent à une entreprise privée.
L'utilisation des TAC en renfort des autres groupes thermiques, qui fonctionnent au fuel lourd, bien que coûteuses, s'impose toutefois. Ensuite, en cette période d'étiage, les centrales hydroélectriques, surtout celle d'Andekaleka tournent au ralenti. Avec ses 114 mégawatts dans ses pics de production, Andekaleka produit, à elle seule, 55% de l'électricité nécessaire au RIA. Les centrales thermiques ne sont pas à même de combler le gap de production.
Ainsi, le président de la République a également donné comme consigne de procéder à des pluies artificielles à chaque fois que les conditions météorologiques le permettent. Seulement, il faut 40 millions d'ariary pour chaque opération. "Nous allons voir toutes les dépenses étatiques qui pourront être réduites pour solutionner le délestage", indique ainsi Andry Rajoelina.
En parallèle aux solutions étatiques, le Président enjoint aussi le directeur général de la Jirama à améliorer la gestion de l'entreprise. Il exige notamment d'intensifier la lutte contre les branchements illicites, les vols de carburant, les abus de subvention et "les actes de sabotage". Il fait part de suspicions de détournement des aides étatiques, notamment, des approvisionnements en carburant et l'existence de "saboteurs en raison d'opinions politiques divergentes".
Le Président s'interroge alors sur le fait que, "nous avons déjà vécu des périodes de sécheresse. L'année dernière, nous avons déjà vécu ça, mais jamais il n'y a eu de délestage aussi sévère. Comment cela se fait-il, alors que les subventions étatiques, ainsi que les livraisons en carburant ont augmenté ?", en ajoutant, "dans certains cas, les coupures sont comme voulues, pour attiser la frustration et la colère. (...) Il y a des personnes mal intentionnées. Je préviens, toute tentative de sabotage sera sévèrement sanctionnée".