Le 2 novembre est la journée internationale pour la fin de l'impunité pour les crimes contre des journalistes, une date choisie par l'Assemblée générale des Nations Unies en mémoire de nos collègues, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali. En Afrique centrale, au Cameroun, la seule année passée, 2023, a été marquée par le décès de trois journalistes. Des morts qui s'ajoutent à d'autres disparitions de confrères.
2023 est une année funeste pour la presse camerounaise, déjà endeuillée dans les années 2010 par les disparitions de Samuel Wazizi en 2019 et de Bibi Ngota en 2010, morts en détention, et par celle de Jules Koum Koum dans un accident de la route, en 2011, alors qu'il se disait menacé.
Selon le Comité pour la protection des Journalistes, 80 % des meurtres de journalistes dans le monde ne sont pas punis. Le seul procès en cours au Cameroun est celui pour la torture et l'assassinat de l'animateur Arsène Salomon Mbani Zogo, dit « Martinez Zogo », une voix de la très écoutée quotidienne Embouteillages sur Amplitudes FM.
Les images de son corps supplicié retrouvé dans la banlieue de Yaoundé en janvier 2023 ont choqué les Camerounais, mais devant la justice militaire, les avocats se voient refuser d'avoir la copie du dossier.
Quelques jours plus tard, un autre présentateur radio, le prêtre orthodoxe Jean-Jacques Ola Bébé, est retrouvé mort près de son domicile, dans la capitale camerounaise, début février 2023. L'ONG Acat, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, s'inquiète du silence autour de ce décès, car aucune enquête n'a été ouverte officiellement.
En mai de la même année, dans la région anglophone du Nord-Ouest, Anye Nde Nsoh, du journal en ligne The Advocate, est abattu à Bamenda à la sortie d'un bar. La directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, condamne ce meurtre, pour lequel, aucune information n'a été donnée depuis sur les investigations.
Pour Haman Mana, président de la Fédération des éditeurs de presse au Cameroun, « sans enquête transparente et sans vérité judiciaire, le flou entretient le sentiment d'impunité chez les responsables et une terreur latente chez les journalistes ».