Le Kenya a un nouveau vice-président. Abraham Kithure Kindiki, ancien ministre de l'Intérieur, a prêté serment vendredi 1er novembre à Nairobi. Son prédécesseur, Rigathi Gachagua, avait été destitué par le Sénat il y a deux semaines, en raison d'allégations de corruption et d'incitation à la division ethnique.
C'est le visage sérieux, aux côtés de son épouse, qu'Abraham Kithure Kindiki a prêté serment comme vice-président. Âgé de 52 ans, cet ancien professeur de droit, sénateur de 2013 à 2022, était depuis deux ans ministre de l'Intérieur. Lors de son discours, il s'est dit « reconnaissant » envers le président William Ruto pour sa nomination.
Abraham Kithure Kindiki est originaire de la très influente région du mont Kenya. Père de trois enfants, cet avocat connaît bien le chef de l'État : il l'a défendu devant la cour pénale internationale en 2011. William Ruto était alors accusé de crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans les violences postélectorales de 2007. Les poursuites ont fini par être abandonnées.
Kithure Kindiki a promis au président Ruto de lui fournir toute l'aide nécessaire pour « mener le pays au niveau supérieur ». Plusieurs défis l'attendent : il devra notamment relever les finances publiques du pays, en difficulté. Le gouvernement souhaite soumettre au Parlement la réintroduction de certaines taxes très controversées. Un projet annulé en juin, après un vaste mouvement de contestation populaire et des manifestations réprimées par la police.
Ruto veut briser son isolement
Kithure Kindiki faisait partie des favoris pour être le colistier de William Ruto lors l'élection présidentielle de 2022. Mais c'est finalement Rigathi Gachagua qui avait été choisi. Ce dernier a été destitué par le Sénat le 17 octobre.
La destitution de Rigathi Gachagua est l'aboutissement de plusieurs mois de froid entre l'ancien vice-président et le chef de l'État. Des différends évoqués le 1er novembre dans la matinée par le président Ruto lui-même au moment où Kithure Kindiki a pris la suite :
« Mon cher professeur Kindiki, j'ai besoin de votre voix, de votre intellect pour m'aider et aider les membres du gouvernement à mettre en avant les actions que nous menons. Je suis presque devenu une voix solitaire au sein de l'exécutif (...). J'ai confiance que vous allez pouvoir m'apporter ce dont j'ai manqué ces deux dernières années. »
Le vice-président déchu, Rigathi Gachagua, conteste son remplacement en justice. Cette affaire est toujours en cours.