Ce n'est pas un rêve. La culture des fraises est bien présente à Brazzaville, grâce à l'initiative de Samy Ivon Stève Mifoundou, la quarantaine révolue. Une initiative qui a commencé il y a deux ans et malgré les caprices de la nature (perte de la moitié de sa production en raison des grandes chaleurs l'année dernière), a tenu bon. L'agriculteur s'est lancé vers une nouvelle technique, celle de la mise en pot des fraisiers. Une façon aussi pour lui de stopper la dégradation de l'environnement par les déchets plastiques.
La technique initiée et pensée par Samy Ivon Stève Mifoundou consiste a récupérer des bouteilles d'eau minérale en plastique qu'il recycle en pot. Cela permet aux jeunes plants de résister aux grandes chaleurs et de tenir sur le long terme. "Suite aux grandes chaleurs de l'année dernière, nous avons perdu une grande partie de nos cultures. Alors il m'est venu l'idée de placer les plants de fraisiers dans des pots à l'ombre des papayers et la production est vraiment meilleure au vu de la qualité et du volume du fruit", a-t-il expliqué.
Plus d'une centaine de fraisiers reposent sous l'ombrage des papayers dans le site de Nsayi Parc, au stade Marchand, à Brazzaville. Chapeau de paille sur la tête, botte aux pieds, Samy Ivon Stève Mifoundou s'active à arracher les mauvaises herbes des pots en plastique où des jeunes plants poussent, tandis que Cyril, son collaborateur, s'occupe des graines d'artemesia dont l'effluve parfume et chatouille les narines. "Dans notre parc, j'ai pensé à diversifier les cultures. En dehors des fraises on a, entre autres, l'artemesia, la citronnelle, le basilic, la papaye, la banane, la menthe, le moringa ...", renseigne-t-il.
Plus loin, son neveu sarcle et arrose. Une tâche difficile à exécuter car non seulement l'eau sort à peine du robinet, mais l'étendue du site est vaste. " Il nous faut obligatoirement une auto pompe pour alléger cette tâche, sinon nous risquons de tout perdre vu que les pluies sont de plus en plus rares ", a estimé Samy qui passe le clair de son temps dans le site. "L'idéal est de commencer très tôt car la température n'est pas encore élevée. La fraise est un fruit délicat, il aime tout autant le soleil que l'eau", a poursuivi l'agriculteur qui dispose de méthodes pour contrer les difficultés qui interviennent lors de la pousse des plants." J'apprends et j'innove car chaque jour a son lot de problèmes et de remèdes" , a-t-il assuré, admirant son champ de bananiers en pleine vie.
Malgré la rudité du sol à Nsayi Parc, Samy Ivon Stève Mifoundou a réussi à le dompter en fertilisant les sillons grâce aux engrais naturels tels que les feuilles mortes et la fente animale. "J'ai commencé avec un plant que j'ai fait venir et plus tard, j'avais mes premières fraises. Tout de suite, je suis passé à la duplication, mais avant moi il y avait déjà des personnes qui avaient des fraisiers comme plante décorative" , a-t- il dit. Il récolte en moyenne 20 à 30 kilos de fraises par jour qu'il livre chez des pâtissiers et dans des superettes, etc.
Mais beaucoup de clients, particulièrement des expatriés, s'approvisionnent directement à la source. "C'est souvent des moments d'échanges conviviaux où je recueille leurs avis. Beaucoup me disent que nos fraises ont une bonne saveur, qu'elles sont agréables à la bouche, l'odeur de la fraise reste dans les mains et en plus, elle est sans aucune substance ajoutée ", a-t-il ajouté.
La fraise est une plante qui, certes, a des caprices, mais que l'agriculteur veut mettre à la disposition de tous les ménages congolais grâce à l'opération, "un fraiser, un ménage ». " Ce n'est pas seulement une plante qui ne se cultive que dans les pays dits froids, sinon le Burkina Faso et les autres pays chauds ne feraient pas de ce fruit leur culture phare», a conclu Samy Ivon Stève Mifoundou. Il a encouragé les Congolais à se lancer dans cette aventure car l'objectif de Nsayi Parc est de faire autant ou mieux que le Burkina Faso, leader incontesté de "l'or rouge " dans la région, selon lui.