Afrique de l'Ouest: Crise de « généralité » aiguë

« Des généraux comme s'il en pleuvait » ; c'était le titre de notre éditorial du 16 octobre dernier, après qu'Assimi Goïta se fit bombardé général d'armée, pour lui le locataire du palais de Koulouba, et, dans la foulée, une dizaine d'officiers recevant en fonction de leur positionnement institutionnel et stratégique et surtout, selon la vulgate officielle, en raison de leur engagement dans la lutte contre le terrorisme.

C'est à croire qu'il y a une épidémie de généralité aigue dans la sous-région. A la faveur de la fête de l'armée, un autre putschiste s'est fait plaisir. Mamadi Doumbouya, 44 ans, a, en effet, été fait général d'armée, neuf mois seulement après s'être auto-promu général de corps d'armée. Dans son sillage, une fournée d'une quinzaine d'autres officiers ont été élevés au grade de général, comme ce fut le cas au Mali.

Cerise sur le gâteau, le fraîchement propulsé général d'armée a reçu la médaille de Croix de guerre et de Grand-Croix. Et l'on est censé dire « Félicitations mon général » ? Vraiment, si le ridicule pouvait tuer, il y aurait de nombreux dirigeants qui devraient être à six pieds sous terre. C'est quoi ces promotion tgv qui ne riment à rien, si ce n'est pour flatter l'orgueil de ceux à qui on a décerné des étoiles jusqu'à la mâchoire ?

Certes, pour avoir débarqué Alpha Condé qui avait eu le tort de vouloir jouer les prolongations au palais de Sékhouthouréya, il a fait preuve de salubrité publique. Cela suffit-il pour s'auto-glorifier de la sorte ?

Voilà en effet un militaire qui a sans doute des faits de services conséquents, mais qui, en 2009, à la fin de son contrat à la Légion étrangère française, quittait avec le grade de... caporal. Retour au pays en 2012. Une fois rentré, son heure de gloire sonnera en 2018 quand celui qu'il déposera plus tard en fera le commandant du Groupement des forces spéciales. En 2019, il devient lieutenant-colonel, puis colonel plein l'année suivante par le fait du prince.

Le président Alpha Condé ne tarissait pas d'éloges à son endroit, avec le pic de visibilité pendant la célébration des 60 ans de l'indépendance du pays devant la prestance du colosse à la tête du défilé. Puis vint le putsch du 5 septembre 2021 qui le propulsa à la tête de l'Etat.

Mais, on a beau chercher, on se demande toujours s'il avait vraiment besoin de ces étoiles presque de complaisance. De plus en plus, sous nos cieux, on a l'impression d'être dans des armées mexicaines où, à force d'avancements spectaculaires, on finit par dévaluer les grades.

On aura, à la limite, compris si à la fin de la transition, Doumbouya organisait des élections libres, transparentes et démocratiques, qu'il remettait le pouvoir aux civils et, là, on lui aurait même donné maréchal pour avoir rendu service à la nation. Hélas ! il ne semble pas en prendre la direction, puisque, de plus, et n'y voyez surtout pas sa main derrière ces manifestations, des voix s'élèvent, le suppliant de perdurer au pouvoir ou, à tout le moins, de se présenter si une hypothétique élection était organisée. Ridiculous !

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