Bien que la récolte des dattes s'annonce bonne, les agriculteurs ne semblent pas assez satisfaits. Et comme chaque année, la vente de leur moisson, fruit d'effort et de labeur, est souvent à la merci des intermédiaires qui ne cherchent que leur propre intérêt.
La saison des dattes, pilier de l'économie de Tozeur, bat son plein. Entamée fin septembre dernier, la production de cette année est estimée à 62.300 tonnes, alors que seulement 42% de la superficie des plantations a été, jusque-là, récoltées.
Traditionnellement synonyme de prospérité, la campagne table, cette année, sur des indices en hausse, prouvant l'importance prépondérante de ce secteur dans l'économie tunisienne. L'année dernière, le langage des chiffres indique un volume d'exportation de 148,1 mille tonnes, générant 920, 4 millions de dinars, avec comme principal client le Maroc, talonné par l'Italie et la France.
Derrière cette façade de chiffres, les pomiculteurs de Tozeur, gardiens d'un patrimoine ancestral, vivent des heures difficiles. Si la récolte s'annonce abondante, les agriculteurs font face à de nombreuses difficultés qui entravent le développement de cette culture ancestrale. Revers de la médaille ! Rencontrés au cœur de leurs palmeraies, leurs visages, ridés par le soleil et le temps, reflètent une profonde inquiétude. Les doléances sont nombreuses et reviennent comme un leitmotiv : la hausse vertigineuse des coûts de production, notamment de l'eau et des intrants agricoles se présentent en tête de leurs soucis.
Leurs doléances et préoccupations
Les doléances de ces pomiculteurs se succèdent comme les grains d'un chapelet. Tout d'abord, ils dénoncent la pression croissante exercée par les intermédiaires qui accaparent une part de plus en plus importante de la valeur ajoutée. Ce constat les empêche de bénéficier équitablement des fruits de leur labeur.
Par ailleurs, les coûts de production ne cessent d'augmenter. La main-d'œuvre se fait de plus en plus rare et coûteuse, tandis que les prix de l'eau de l'irrigation, indispensable à la culture du palmier-dattier, ne cessent de grimper. Ces hausses des coûts, couplées à des prix de vente souvent dérisoires, réduisent considérablement les marges des producteurs et font chuter drastiquement leurs revenus.
La création d'un office des dattes, similaire à celui des céréales, est réclamée pour réguler le marché, garantir des prix justes et favoriser les circuits courts de commercialisation. D'après les agriculteurs, la création de coopératives et de groupements leur permettrait de négocier de meilleurs prix, d'accéder à de nouveaux marchés et de mutualiser les moyens.
La valorisation, un enjeu
Autre enjeu majeur, la qualité des dattes. Certains des pomiculteurs déplorent l'état de certaines palmeraies, qui souffrent d'un manque d'entretien et d'une éventuelle infestation de parasites. Ces problèmes risquent d'affecter directement la qualité des fruits et leur valeur sur le marché.
Enfin, l'accès à de nouveaux marchés est une autre préoccupation majeure des producteurs, les agriculteurs appellent à la prospection de nouveaux marchés en parallèle à ceux déjà conquis, pour citer les pays arabes, l'Amérique et l'Asie.
L'importance de l'industrie de transformation est un besoin, voire un créneau à explorer. Il s'agit de développer des produits dérivés à haute valeur ajoutée, tels que le café à base de dattes et des produits cosmétiques. Une telle valorisation de nos dattes est de nature à diversifier le produit, générer de nouveaux emplois et améliorer les revenus des agriculteurs concernés.
Somme toute, la saison des dattes à Tozeur est bien plus qu'un simple cycle agricole, c'est un enjeu économique, social et environnemental. Les agriculteurs appellent à une mobilisation générale. Ils réclament un soutien accru de l'Etat, notamment en matière de subventions, d'accès aux crédits et de développement de filières de transformation. Il s'agit, là, d'une demande récurrente soulevée par la plupart des pomiculteurs.