Les prochaines élections générales sont d'une importance capitale, martèlent plusieurs leaders d'alliances. Si Navin Ramgoolam prône le changement et la «libération» du pays du joug de Pravind Jugnauth, ce dernier, lui, propose la continuité et met en avant ses réalisations. Cependant, ces législatives sont sans doute celles de la dernière chance pour Ramgoolam - si l'on prend en considération son âge. C'est aussi le cas pour d'autres...
Par rapport à sa campagne de 2019 dans la circonscription n°10 (Montagne-Blanche-Grande-Rivière-Sud-Est), Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste (PTr), investit beaucoup plus de son temps et de son énergie en 2024 dans la circonscription n°5 (Pamplemousses-Triolet). L'ex-Premier ministre est présent sur le terrain quasiment tous les jours, participant tantôt à des exercices de porte-à-porte en compagnie de ses deux colistiers Ranjiv Woochit et Kaviraj Rookny et tantôt à des réunions, congrès et autres mobilisations dans la région ou à travers le pays.
Agé de 77 ans - il est né le 14 juillet 1947 - l'ex-Premier ministre, médecin et juriste de formation, s'apprête à briguer un quatrième mandat comme chef du gouvernement en alliance cette fois avec le Mouvement militant mauricien (MMM), les Nouveaux Démocrates (ND) et Rezistans ek Alternativ (ReA). On se rappelle que Navin Ramgoolam avait accédé pour la toute première fois au poste de Premier ministre après les élections de 1995.
L'Alliance PTr-MMM, menée par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, parvient à récolter 65,2 % des suffrages contre l'Alliance Mouvement socialiste militant-Renouveau militant mauricien (MSM-RMM). Celle-ci, dirigée par le Premier ministre d'alors, feu sir Anerood Jugnauth, et son adjoint, Prem Nababsing, ne parvient à réunir que 19,7 % des voix exprimées.
L'Alliance PTr-MMM remportait ainsi tous les sièges à pourvoir, le deuxième 60-0 de l'histoire politique du pays. Toutefois, cette Alliance PTr-MMM ne durera pas longtemps. Moins de deux ans après, en 1997, le vice-Premier ministre Paul Bérenger sera révoqué et le MMM quittera le gouvernement pour faire de l'opposition. Le PTr gouvernera le pays sans son allié mauve jusqu'en 2000 quand il est battu aux élections générales par une alliance MSM-MMM.
Navin Ramgoolam obtiendra un deuxième mandat en 2005 comme Premier ministre avec l'Alliance sociale puis un troisième mandat en 2010 avec l'Alliance de l'Avenir incluant le MSM et le PMSD. La suite, on s'en souvient ; Navin Ramgoolam qui s'était allié une nouvelle fois au MMM connaîtra la défaite en 2014 face à l'Alliance Lepep-MSM-PMSD et le Muvman Liberater (ML) et une deuxième défaite sans le MMM en 2019, toujours face au MSM et ses alliés.
Cette fois, avec son Alliance du changement, Navin Ramgoolam, nous dit son proche entourage, sait qu'il doit tenter le tout pour le tout car c'est probablement sa dernière chance d'être élu et ainsi accéder au poste de Premier ministre. Dans cinq ans, Navin Ramgoolam fêtera ses 82 ans et bien que sir Anerood Jugnauth soit devenu Premier ministre à l'âge de 84 ans en décembre 2014, il est bon de préciser que la santé de Navin Ramgoolam a pris un coup après avoir contracté le Covid-19 en 2021, même s'il semble en plein forme ces derniers temps. On ne sait pas qui lui succèdera au poste de leader du PTr ou encore quel serait le scénario en cas de victoire de l'Alliance du changement mais sans Navin Ramgoolam, s'il n'est pas élu au n°5...
Et quid de son partenaire d'alliance, Paul Bérenger, qui figure parmi les cinq candidats les plus âgés aux prochaines législatives ? Le leader du MMM est âgé de 79 ans et il est fort probable que ce soit aussi sa dernière participation à des élections générales, car dans cinq ans, il aura 84 ans. Toutefois, contrairement à Navin Ramgoolam qui n'a pas d'enfant, Paul Bérenger, lui, pourra compter sur sa fille, Joanna Bérenger, qui a fait son entrée en politique en 2019.
Mais pourra-t-elle le remplacer comme leader, un jour ? «La question n'a jamais été abordée. Et il est peu probable que Joanna Bérenger soit la cheffe du parti. Car le MMM a toujours prôné la méritocratie et une reconnaissance à ceux qui ont montré allégeance au parti», soutient un membre du parti du coeur. Il faut faire ressortir que Paul Bérenger a été le seul Premier ministre du pays qui ne porte pas le nom Ramgoolam ou Jugnauth. Il a occupé ce poste de 2003 à 2005. Le leader du MMM a aussi été Deputy Prime minister de 1995 à 1997 et de 2000 à 2003.
De l'autre côté, dans l'Alliance Lepep, le leader du Muvman Patriot Morisien (MPM) Alan Ganoo et celui du Muvman Liberater Ivan Collendavelloo ont aussi atteint l'âge de la retraite depuis un bail déjà. De plus, Collendavelloo, qui a 74 ans, a une santé fragile. Il y a bien son fils Irwin qui pourrait le remplacer mais ce dernier n'a pas obtenu de ticket pour les prochaines législatives. Alan Ganoo, bien que n'ayant que 73 ans, souffrirait lui aussi de quelques ennuis de santé. Dans son entourage, on nous dit qu'il est fatigué, surtout moralement. Il faut dire que les derniers cinq ans n'ont pas été de tout repos pour les ministres du gouvernement. Mais c'est notamment le fait d'avoir retiré sa protégée Tania Diolle du n°18 au dernier moment pour faire de la place à Xavier-Luc Duval qui l'aura le plus marqué. En tout cas, si Ganoo raccroche, il a une héritière en la personne de Tania Diolle.
Quant à Pravind Jugnauth, qui a 62 ans, l'on soutient qu'il est encore jeune et qu'il pourrait briguer les suffrages pour une dizaine d'années encore, voire plus, et il a derrière lui, trois filles. Et Xavier-Luc Duval, qui fêtera ses 67 ans en janvier prochain, peut encore aspirer à un mandat dans cinq ans car il aura alors 72 ans (NdlR, tenant en compte l'âge actuel de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger). Et il pourra compter sur sa relève, son fils Adrien Duval, qui est candidat le 10 novembre au n°4 (Port-Louis-Nord-Montagne-Longue). Mentionnons également Nando Bodha de Linion Reform, qui, lui, a actuellement 70 ans...