Durant la semaine écoulée, le mardi 29 octobre plus précisément, l'Alliance du changement a présenté son manifeste électoral. Parmi les cinq axes prioritaires : réduire le coût de la vie et rétablir la paix sociale. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures sont proposées. Il faut dire que la cherté de la vie est une des préoccupations majeures des électeurs, tout comme le fléau de la drogue.
Tout d'abord, il s'agit de réduire les prix de l'essence et du diesel. Sur le plan économique, la confiance dans la roupie serait restaurée, accompagnée de la création d'un Fonds de Stabilisation de Rs 10 milliards pour contenir les prix des produits de première nécessité. La Bank of Mauritius regagnerait également son indépendance pour mieux contrôler l'inflation. En outre, une révision de la TVA sur les produits de base sera appliquée, et un Freight Rebate Scheme sera mis en place pour faire baisser le prix des produits alimentaires importés. Le CEB sera réorganisé pour réduire le coût de l'électricité, tandis qu'un accès gratuit à Internet sera offert à chaque famille.
Afin de renforcer l'autonomie alimentaire, l'accent sera mis sur la production locale, réduisant ainsi la dépendance aux importations. Le transport public sera également gratuit, y compris pour les vans scolaires. Dans le domaine de la santé, les prix des médicaments seront réduits, avec des bons d'achat pour ceux indisponibles dans les centres publics. Ces mesures visent à alléger les charges des familles, tout en renforçant la sécurité alimentaire locale et en stabilisant le coût de la vie.
Suttyhudeo Tengur, président de l'Association de la protection des consommateurs et de l'environnement, observe que « dans de nombreux pays, des fonds spéciaux sont mis en place pour lutter contre l'inflation et soutenir le pouvoir d'achat. Par exemple, en France, des initiatives similaires ont été adoptées. Ce sont des mesures socialistes et concrètes qui permettraient de soulager les consommateurs. Il s'agit maintenant de définir un modus operandi efficace pour la mise en œuvre de ce fonds ». En ce qui concerne les carburants comme l'essence et le diesel, « ils sont aujourd'hui surtaxés. Si nous voulons vraiment augmenter le pouvoir d'achat des Mauriciens, il serait opportun de réduire certaines de ces taxes inutiles.
Outre l'effet domino sur les dépenses des consommateurs, cela a un impact direct sur nos exportations, rendant nos produits plus compétitifs ». Il estime que la réduction du prix de l'énergie est une bonne mesure, car cela apportera non seulement un soulagement aux usagers domestiques, permettant aux ménages de disposer de plus de revenus disponibles, mais aussi aux commerces de proximité, pour lesquels le coût de l'électricité est élevé, ce qui a également un effet sur les prix.
L'idée d'offrir des bons d'achat pour les médicaments indisponibles dans les centres de santé publics est, selon lui, une mesure innovante. Cela permettra à ceux qui n'en ont pas les moyens d'accéder aux médicaments essentiels et soulagera de nombreuses familles, même si le médicament n'est pas accessible dans les centres de santé publics.
Qui plus est, « aujourd'hui, nous souffrons d'un manque de planification dans notre politique alimentaire. Par le passé, nous avons tenté de devenir autosuffisants en pommes de terre et en oignons, mais faute d'une politique cohérente de production locale, notre dépendance aux importations n'a fait qu'augmenter. Il est essentiel d'encourager la production locale pour assurer notre sécurité alimentaire. Les défis liés aux importations se font sentir partout dans le monde. Le coût du fret est devenu un problème majeur en raison de la guerre et de l'instabilité au Moyen-Orient, affectant l'importation de produits. En réduisant les coûts de fret, nous pourrions rendre ces produits plus abordables pour tous ». Dans le monde entier, les gouvernements cherchent à augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs. Pour Maurice, viser l'autosuffisance alimentaire pourrait avoir un effet direct sur le porte-monnaie des Mauriciens, car cela réduirait notre dépendance aux importations, dit-il.
Kiran, mère de deux enfants et enceinte de son troisième, estime qu'il serait préférable de « faire baisser les prix. L'argent que l'on gagne part vite. La vie est tellement chère, les prix ont doublé. Si on ne travaille pas le matin, on ne mange pas le soir. Il faut vraiment faire baisser les prix, car même quand on a de l'argent, il faut dépenser plus. Rs 1 000 part vite avec juste quelques courses. Le lait pour les enfants et les couches coûtent très cher. Je fais mes courses chaque semaine, parfois à la boutique si j'ai besoin de quelque chose. Les prix à la boutique sont plus élevés que dans les supermarchés, mais il faut quand même payer un transport pour aller au supermarché. De plus, étant entrepreneure, je n'aurais pas à payer pour me déplacer pour travailler », nous confie-t-elle.
Pour Jayen Chellum, secrétaire général de l'ACIM, la mise en place d'un tel fonds serait un bon début pour soulager les consommateurs. «En 2021, une mesure similaire avait été mise en place, puis enlevée.» Il réitère le fait que le prix de l'essence et du diesel aurait dû être réduit depuis longtemps. «Il faut s'assurer que cette réduction ait un impact sur les autres produits alimentaires qui ont augmenté, afin que leurs prix baissent également.»
Il ajoute que la révision de la TVA sur les produits alimentaires de base est une bonne idée, qu'il a lui-même proposée plusieurs fois. «Au cours des dernières années, nous avons observé des exagérations dans l'augmentation des prix des produits alimentaires. La hausse du prix du fret impacte immédiatement le coût des produits, mais lorsque le fret baisse, les opérateurs maintiennent les prix élevés. Il faudra donc surveiller de près pour éviter les abus et le profit excessif. Il est essentiel de faire une étude pour évaluer comment ces allocations ont allégé le fardeau des consommateurs. Je suis en faveur d'un soutien ciblé pour ceux qui en ont besoin. Il faut cibler les aides, notamment pour le transport public gratuit, incluant le van scolaire. Ceux qui ont les moyens n'ont pas besoin de tout cela.»
La pandémie de COVID-19 et les conflits géopolitiques ont souligné l'importance cruciale de la sécurité alimentaire. L'économiste Azad Jeetun souligne qu'il est nécessaire de freiner le glissement de la roupie et d'encourager la production locale, ajoutant que plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre pour contrôler l'inflation.
Drogue
Pour lutter contre la drogue, selon ceux engagés dans la lutte contre ce fléau, il est essentiel d'adopter une approche en deux volets : réduire l'offre en renforçant la surveillance et la répression du trafic de drogues et diminuer la demande par le biais d'une éducation préventive. L'Alliance du changement propose, pour sa part, de revoir tout l'arsenal légal relatif au trafic, à la consommation et au traitement des toxicomanes, en intégrant des dispositions qui distinguent clairement les trafiquants des consommateurs. De plus, un nouveau «Master Plan» contre la drogue est suggéré, visant à faciliter la réhabilitation des toxicomanes et leur réinsertion dans la société. Un Centre de recherches et de formation est aussi au programme pour soutenir les familles confrontées à des problèmes de toxicomanie, incluant la révision du programme de distribution de méthadone.