Approfondir la coopération entre la Turquie et l'Afrique. C'est l'objectif annoncé de la conférence ministérielle du Partenariat Turquie-Afrique, organisée à Djibouti cette fin de semaine. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, est présent dans une Corne de l'Afrique où la médiation turque est déjà très active entre l'Ethiopie et la Somalie, aux relations actuellement très tendues. Ce sera également l'occasion de parler d'économie, alors que la Turquie multiplie les investissements sur le continent.
Ce Partenariat, qui a été lancé en 2008 par les autorités d'Ankara, compte désormais 14 pays africains alliés.
La corne de l'Afrique, stratégique pour la Turquie
Le choix de Djibouti comme lieu de la réunion, « répond d'abord à une volonté d'alternance des géographies de ces rencontres, analyse au micro de Pierre Firtion de la rédaction Afrique Elisa Dominguez Dos santos, chercheuse associé à l'IFRI qui travaille sur les relations Turquie-Afrique. Après, d'un point de vue bilatéral, c'est pas tout à fait surprenant puisque la relation est assez développée entre la Turquie et Djibouti. C'est notamment avec les pays de la Corne que la Turquie a des relations particulièrement rapprochées : la Corne de l'Afrique est une région qui maintenant concentre d'importants intérêts commerciaux pour la Turquie, mais aussi des intérêts stratégiques et sécuritaires puisque la corne de l'Afrique borde la Mer Rouge, mais aussi l'océan Indien et que c'est devenu une région particulièrement stratégique, pas seulement pour la Turquie, mais pour de nombreux acteurs extérieurs qui y ont des intérêts. »
Opposée aux sanctions occidentales contre les régimes parvenus au pouvoir après un coup d'Etat en Afrique, la Turquie est devenue ces derniers mois un partenaire de choix pour les États du Sahel. Ainsi, Ankara vient de conclure cette semaine un accord de coopération avec le Niger dans le secteur stratégique des mines. L'Autorité turque de recherche et d'exploration minière (MTA) opèrera dans un premier temps trois gisements d'or pour une entrée en production prévue d'ici la fin de l'année. Un accord avait déjà été signé cet été à Niamey avec la junte pour développer le potentiel pétrolier et gazier du Niger.
Un secteur où la Turquie s'est illustrée la semaine dernière avec l'envoi d'un navire d'exploration au large de la Somalie. La compagnie pétrolière nationale turque a obtenu le droit d'explorer trois zones offshore sur une surface de 15 000 km². Ce pays de la Corne fut le laboratoire de la coopération turque sur le continent, où depuis vingt ans les entreprises turques bâtissent aéroports, hôpitaux, stades, écoles ou chemins de fer, avec un récent contrat de 6 milliards et demi de dollars en Namibie. Vitrine de cette coopération, la compagnie Turkish Airlines dessert aujourd'hui plus de 60 destinations africaines.
Coopération sécuritaire florissante
La Turquie est aussi devenue le 4ème fournisseur d'armement pour les pays d'Afrique subsaharienne, en particulier des drones, des hélicoptères et des blindés. Des accords de coopération ont été signés avec 25 pays africains. Une coopération militaire que le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a appelé à renforcer lors de sa visite à Ankara cette semaine. « L'Afrique de l'Ouest est une région dominée par des problèmes de sécurité » a noté jeudi le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, reçu par Recep Tayyip Erdogan à Ankara ajoutant « qu'il était nécessaire de renforcer la coopération dans le domaine de la défense », rapporte l'Agence France presse.