À Maurice, la décision des autorités, vendredi, de couper les réseaux sociaux en pleine campagne électorale a provoqué une levée de boucliers. Cette censure devait initialement se poursuivre jusqu'au lendemain des élections législatives du 10 novembre. Cependant, face aux nombreuses protestations, le gouvernement a fait marche arrière. Mais le mal est fait. Cet épisode, sans précédent dans l'île, a laissé un goût amer aux Mauriciens.
Le gouvernement mauricien invoque des raisons de sécurité pour justifier le blocage des réseaux sociaux, mais la population y voit une manoeuvre politique. Cette censure est intervenue en pleine campagne électorale, à dix jours des législatives. Laura Jaymangal, directrice de Transparency Mauritius, regrette une atteinte au droit fondamental des citoyens. « Les radios privées ont utilisé les réseaux sociaux pour les débats entre les candidats. Ça aide la population à faire un choix éclairé, et venir leur enlever cette possibilité soudainement, c'est un peu enlever leur droit civique ».
Plus de 80% des Mauriciens sont connectés aux plateformes numériques, devenues aussi un levier incontournable pour les entreprises. Sanjana Jhumun, directrice d'Oxyzenn Digital : « Les réseaux sociaux sont hyper-importants pour la stratégie de marketing et de communication de chaque entreprise. On verra dans les jours à venir comment on va s'adapter à la censure des réseaux sociaux à Maurice. »
Prévue jusqu'au 11 novembre, la censure a été levée samedi après-midi. Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Média Expertise, salue la retenue exemplaire de la population mauricienne : « La population mauricienne a montré l'étendue de sa finesse face à cette décision. Elle a su écouter, patienter et mettre la pression sur les autorités dans le calme. Si bien, que le gouvernement a dû revenir sur sa décision, le jour d'après. Finalement, la leçon que les Mauriciens en tirent, c'est qu'ils savent faire les choses dans la paix. Et maintenant les élections arrivent et nous verrons quelle sera l'issue de ce scrutin. »
Pour de nombreux observateurs, le gouvernement sortant a commis une erreur majeure en décidant de priver la population de l'accès aux réseaux sociaux. Cette décision pourrait peser lourd dans les urnes, le 10 novembre.