Au Tchad, la crue des fleuves Chari et Logone qui menaçait la capitale Ndjamena semble baisser d'intensité ces derniers jours, mais les quartiers du 9e arrondissement protégés par la digue de Walia continuent de se battre contre les infiltrations d'eau. L'entreprise chinoise Anda, choisie pour construire la digue pour un montant de 22 milliards de francs CFA, soit 33,5 millions d'euros, travaille jour et nuit pour colmater les brèches aux côtés des habitants, mais se plaint de ne pas avoir été payée en totalité par l'État tchadien.
Le téléphone de Saleh Kochi ne s'arrête jamais de sonner. « Ça fait presque deux mois, chaque matin, je quitte la maison dès 5h et je reviens vers 22h ». Le directeur technique de l'entreprise Anda sillonne les quartiers protégés par la digue de 32 km, 8 m de haut sur 3 m de large, construite après les inondations dévastatrices de 2022.
« Je m'appelle Gilles. J'habite ici à Walia, c'est ça, ma maison », explique cet habitant dont la maison est située à moins de 10 mètres du fleuve. Il ne cache pas son inquiétude : « La progression de l'eau qui avance de jour en jour. Ça nous menace trop. On a peur de dormir comme ça ».
« On ne paie pas avant que tout ne soit terminé », dit le gouvernement
Mais les engins de la société sont à l'arrêt, faute de carburant. « Son Excellence M. le président Mahamat Idriss Déby a donné presque 22 milliards pour que cette zone ne soit pas inondée. C'est la vie des gens qui est en danger actuellement. Donc l'État n'a pas payé. On a reçu que seulement 60%. On est encore en train d'intervenir au-delà de contrat que l'État nous a fourni. Vous avez vu, on a fait une diguette de presque de 15 km qui n'a même pas été prévue dans le contrat », dénonce Saleh Kochi.
Ce à quoi le gouvernement répond : « On ne paie pas avant que tout ne soit terminé [...]. On paie par étapes suivant l'avancement des travaux et il y aura une partie qui va être payée quand il y a une réception définitive », déclare à RFI Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien des Finances.
L'entreprise dit avoir réalisé 97% des travaux prévus.