Six jours après les instructions du président de la République lors de sa descente à l'usine de la Jirama à Ambohimanambola, la situation empire à propos du délestage. Le président de la République avait annoncé que l'État allait mettre tous les moyens pour alléger le délestage qui paralyse la vie socio-politique, quitte à faire une coupe sombre dans le budget de l'éducation. La mise en marche d'un puissant groupe jamais utilisé jusque-là a été préconisée.
Il faut trouver pour cela la somme astronomique de 300 millions d'ariary par jour. Une somme colossale qui équivaut à une charge de 9 milliards d'ariary par mois. En théorie, tout aurait dû marcher, mais dans la pratique, ce n'est pas aussi simple, étant donné qu'il s'agit du budget de l'État. Un changement dans la répartition ou l'affectation du budget nécessite une loi de finances rectificative et, par conséquent, un vote au niveau de l'Assemblée nationale.
Ce fut déjà le cas cette année quand l'État a décidé de subventionner la Jirama à hauteur de 1 200 milliards d'ariary. Une aide qui n'a pas été visiblement d'un grand secours, à en juger par la situation qui s'est dégradée. Le mécanisme risque donc de ne pas être effectif dans l'immédiat. Ce qui explique le statu quo, voire l'amplification du délestage. Le fond du problème est donc plutôt financier que technique.
C'est d'ailleurs le cas depuis une décennie, quand un ancien président avait fait le pari de pouvoir mettre un terme au délestage en trois mois. Il savait pertinemment que la puissance disponible, avec toutes les centrales thermiques des sociétés partenaires de la Jirama, pouvait satisfaire la demande. Ce qui est vrai jusqu'à maintenant. Sauf que les arriérés de la Jirama vis-à-vis de ces sociétés atteignent un niveau qui dépasse l'entendement, au point que certaines de ces sociétés ont fini par refuser les réquisitions faites par l'État. On en est donc là aujourd'hui. Autrement dit, sans un apport d'argent frais à la Jirama, la situation risque de perdurer, du moins jusqu'à la mise en fonction des parcs solaires annoncée. D'ici là, on ne sait plus ce qui pourrait se passer.
La colère monte dans toute la ville, assortie de manifestations ici et là, comme si le délestage était voulu. En cette période électorale, aucun régime n'est assez bête pour infliger un tel supplice à la population tout en mettant en péril l'économie et les entreprises. C'est le nerf de la guerre qui manque et donne lieu à une guerre de nerfs.